Tchernobyl, le chemin de l'école.

Qui  est le plus fort, l’homme ou la nature ? Evidemment la nature, elle reprend toujours ses droits. Prenons l’effet du temps sur nos constructions laissées à l’abandon. Les premières années l’envahissement du végétal est spectaculaire. Puis la dégradation ralentit selon les matériaux. La terre finira par tout recouvrir mais tout ne disparaitra pas et nos déchets d’aujourd’hui intéresseront les archéologues du futur. Avec sa science et sa technologie l’homme réussit à comprendre la nature et profite outrageusement de ces ressources. C’est naturel, n’est-ce pas ? En comprenant l’infiniment petit nous avons provoqué malencontreusement le plus grand désastre du siècle : avril 1986 Tchernobyl. Tout ceci à cause de l’atome qui ne mesure que 10 ^{– 15} mètres, 15 zéro derrière la virgule. Les atomes sont constitués d’un noyau et d’électrons qui gravitent autour, entre c’est plein de vide : 99,9 % de rien.  A part si vous êtes physicien il est difficile de visualiser cet infiniment petit il faut un ordre de grandeur.  

Zoom : si son noyau avait la taille d’un pamplemousse l’atome serait une sphère de 10 km de diamètre avec seulement quelques électrons de la taille de prunes reine-claude. Pour une tarte je trouve les reines-claudes plus savoureuses que les mirabelles. Et si vous arrivez à fracturer le pamplemousse l’énergie libérée est énorme : 1 gramme d’uranium équivaut à 1 tonne de charbon !  Je me souviens de la corvée du seau de charbon à la cave. Merci uranium, ça c’est du progrès.

      

La première centrale électrique utilisant des pamplemousses, non c’est de l’uranium, est mise en service en 1954 en URSS. En technologie les soviets n’étaient pas à la ramasse. Bang, avril 1986 le réacteur N° 4 de Tchernobyl explose.  Le pire est arrivé, je ne peux pas dire l’inimaginable car la fusion d’un réacteur est tellement redoutées que tout est imaginé pour l’éviter. Alors que c’est-il passé ? L’équipe de nuit du 26 avril devait effectuer un test de sécurité. L’ingénieur responsable força le personnel à ne pas respecter la procédure normale, il voulait faire mieux, fayoter quoi. Il espérait se faire remarquer, il a réussi. Dans un pays à l’idéologie « c’est comme ça et pas autrement » surprenant. Avec son entêtement, car ses subordonnés ont essayé de lui expliquer son erreur «ce chef a toujours raison» fit 900 000 morts, des centaines de village foutus, et un no man’s land de 30 kilomètres. La taille d’un atome avec un noyau gros comme un ballon de foot. Tout avait été imaginé et calculé sauf le «chef a toujours raison».

En 2016 nous pouvons visiter cette zone d’exclusion. J’en reviens, j’ai là-bas dans les forêts la bataille homme-nature n’est pas terminée. Avant le départ le guide nous lit les recommandations puis il faut  signer un document que vous êtes prévenu du danger. Tous les fruits sont défendus, pire qu’au paradis ou il n’y avait seulement que la pomme. L’accompagnateur surveille les radiations, à l’approche du réacteur elles grimpent à 3 fois de la valeur à Kiev situé à 90 km. Beaucoup de personnes travaillent ici. Ils effectuent des rotations pour éviter des expositions trop fortes. Serguei notre guide plaisante avec les fausses rumeurs qui circulent dans le monde sur la présence de prisonniers qui seraient forcés de travailler ici. Nous avons tous vu sur nos écrans ce sarcophage de béton sur le réacteur qui était à l’air libre et envoyait des millions de particules radioactives dans le ciel européen, pas la même menace que les cendres d’un volcan islandais.

 

 Pour construire ce couvercle 200 000  liquidateurs se sont affrontés aux radiations. 20 000 sont décédés, 20 000 sont invalides. Un travail titanesque, à coté les douze travaux d’hercule c’est du repos compensateur. C’est vrai l’orgueil du « le chef a toujours raison » provoqua tout ceci, c’est aussi vrai que les russes ont envoyé des milliers de personne pour réparer. Avec le code du travail à la française, nous serions encore en négociation syndicale ! Seul solution possible : l’armée.

 La culture des héros fonctionne, le régime édifia un monument pour tous ces morts, très moche. Face à cette grotesque statue ridicule défilent dans ma tête toute ces affiches de propagande  ouvrière. J’en ai vu dans les vestiaires des usines au tout début de ma vie d’ouvrier. Aujourd’hui elles se vendent en  brocantes et décorent les appartements des classes supérieures, pas chez moi.

 

Merci les gars vous avez fait du bon boulot.

 Ce sarcophage si durement fabriqué est déjà foutu et menace de s’effondrer. Un autre couvercle en acier est en construction juste à coté. Après nous serons tranquilles 100 ans, seulement 3 générations. L’atome lui compte en milliers d’années, pas le même ordre de grandeur. Ce sont les français les maitres d’œuvre de cette plus grosse structure terrestre mobile. Si un réacteur explose en France nous saurons faire.  

  

Nous laissons le réacteur 4 pour nous rendre à Pripiat, une ville construite au milieu de la forêt en 1970. En URSS de l’époque c’était le top du confort. Ils étaient si heureux ici dans des logements bien équipés, des écoles et terrain de jeux pour les enfants, un bon complexe sportive avec stade et piscine, et un surtout le super marché bien achalandé. A peine 16 années plus tard l’explosion du réacteur 4 redonna ses droits à la forêt, elle reprend sa place. Les bâtiments sont encore debout, il est périlleux de s’aventurer à l’intérieur, les bétons s’effritent, les plafonds s’écroulent, le bois pourri. Les arbres percent et soulèvent le peu de macadam encore visible sur les parkings et rues. Pour l’instant la nature mène la partie. Le terrain de foot est un redevenu une forêt sauvage. Que détermineront Les archéologues du futur au moment de la découverte de la piscine ? Si l’émotion monte d’un cran dans la plupart des yeux des visiteurs au moment du passage dans l’établissement scolaire devant les cahiers abandonnés sur les tables, ce ne fût pas mon cas.  Pour moi, c’est plus cette allée qui me parle, les mauvaises herbes que des enfants piétinaient, avant le réacteur 4,  sont devenues des arbres. Il reste les lampadaires et le panneau indicateur « attention école ». Tous les jours ces écoliers passaient là sur leur chemin. Maintenant ce sont eux qui amènent leurs petits à l’école, autre part, dans une zone habitable. Est-ce qu’ils racontent les autos tamponneuses de Pripiat ?

      

Juste un petit aperçu dans l'album photo.

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Comments

[Ludo]

bon moi j'ai adoré les pamplemousses... atomique de Gérald!

quelle visite au cœur du chaos

oui de façon illusoire la nature reprends ses droits!

Mais en fait c'est une nature radioactive!