! Transylvanie, Transnistrie, Bordurie ? le vrai du faux

6 août 2016

! Transylvanie, Transnistrie, Bordurie ? le vrai du faux

Le train rentre en gare de Iași. Il existe deux types de gare, les bouts de ligne ou les voies se terminent sur des butoirs et les autres ou le train peut continuer sa route plus loin. C’est ce «plus loin » qui est rassurant pour moi. A la sortie de la gare s’étend une vaste place encombrée de taxis jaunes qui ne se jettent pas sur le seul voyageur qui ne semble pas d’ici. Mon hébergement est proche, je vais m’y rendre à pied, j’ai noté le chemin sur mon petit carnet. Cette ville en Roumanie devait être juste une étape sur ma route, pour « aller plus loin » justement, car Iași est au bord de la frontière orientale de l’union Européenne.

Cet arrêt de trois jours fût agréable après Bucarest sur laquelle j’ai peu à dire. Cette provinciale est charmante, si l’on se limite au centre historique, au-delà c’est le bétonnage standard que je ne critiquerais pas, au moins tout le monde est logé, en apparence. Sur le boulevard Stefan Cel Mare, un voïvode qui régna sur la Moldavie au XVème, se juxtaposent des églises de cultes différents, clochers et dôme dorés se dressent vers le ciel. La catholique est toute ronde. Les jeunes mamans promènent leurs enfants sur le parvis du palais de la culture, la silhouette de cet imposant bâtiment me rappelle l’hôtel de ville rue de Rivoli. Un restaurant dans une rue aussi pentue que la rue Lepic me ramène également à Paris, le moulin rouge. Proche de l’église St Nicolas, les pelleteuses ont mis à jour quelques squelettes humains visibles par les passants.

Depuis mon passage en Transylvanie je vois des vampires partout, je n’ai pas été jusqu'à vérifié les canines de ces ossements mais il est certain que vue leur état le risque Dracula est peu probable. Ma route va plus loin, pas en train mais en bus, franchir la frontière orientale de la Roumanie donc sortir de l’Europe pour entrer en Moldavie. Je ne connaissais même pas l’existence de ce pays. Ce n’est pas en regardant une carte que j’ai découvert cette république mais à la boulangerie du coin de la rue de Valenciennes à Paris. Comment ? En questionnant l’employée sur son accent que j’avais situé, à l’oreille, vers l’Ukraine. Je n’étais loin. Capitale, Chișinău, gaffe à la prononciation. Vous la connaissiez vous cette petite république entre les Carpates et l’Ukraine ? Oui, alors bravo. Pour ma défense je note que la carte européenne a subit plusieurs modifications politiques ces dernières décennies. Cette histoire me replonge dans le monde farfelu d’Hergé. Pas si burlesque que ceci les aventures de Tintin en Bordurie et Syldavie à la recherche du sceptre Ottokar. Etudions les cartes, je suis en plein dedans, Hergé s’est juste amusé à déplacer quelques lettres dans les noms, quant à l’intrigue quelle réalité, bien vu Georges.

Et la Transnistrie, vrai ou faux ? Vrai et faux ! Je vous laisse vous faire votre opinion en cherchant sur le net. Si vous ne le saviez pas vous allez découvrir ce pays qui n’existe pas sauf sur les cartes russes. Poutine a lu Tintin, pas possible autrement.

De là à dire que sa vision du monde est une bande dessinée je n’oserais pas. Les frontières sont tracés par des hommes alors forcement parfois le crayon glisse un peu. Ce n’est ni sur une carte ni chez la boulangère que J’ai découvert cette minuscule enclave russe mais en consultant les conseils de sécurité du très sérieux officiel site du ministère des affaires étrangères. Ils ne préviennent pas du Vampirisme en Transylvanie mais vous avertissent qu’ils ne pourront rien faire pour vous en Transnistrie car c’est une zone hors contrôle international. Et ce n’est pas le moment de s’embrouiller avec Vladimir. La Moldavie a hâte d’intégrer l’UE, faudra qu’elle patiente un peu. Moldavie, Transylvanie, Syldavie je m’embrouille un peu mais quel pied de marcher dans les pas de Tintin après ceux de Corto Maltése en février dernier. J’ai mes repaires littéraires, avec des personnages aussi universels que ceux nés sous la plume de Molière. Je parie que Milou est plus célèbre que Scapin.

Chișinău est médiocre, rien pour elle, des églises mélangées avec du soviétique et quelques restes de vieilles demeures postsoviétique. Les gens parlent peu anglais, c’est une difficulté pour quelqu’un qui n’est pas d’ici. Lorsque l’on s’adresse à une personne dans une langue qu’ils ne comprennent pas, même avec un papier rédigé dans leur langage, ils ont deux attitudes. La première est la fuite ou l’ignorance, je n’y pas vois d’hostilité mais peut-être une gêne d’ignorer l’anglais devant un étranger, il n’y a pas de quoi. La deuxième attitude s’ils décryptent votre question sera qu’ils remueront toute la ville pour vous aider. Merci. La capitale est vraiment maigre en point d’intérêt, j’y passe plusieurs jours sans trop de peine. Il y a toujours à découvrir et ce marché aux abords de la gare est une petite récompense. Le soir à l’auberge je rencontre deux français du 10eme arrondissement, l’un habitait au 155 rue du faubourg St Denis, je suis au 148 juste en face. Ce n’est pas aux voyageurs que je vais apprendre que le monde est petit. Je questionne les habitants sur cette bande de terre qui a fait sécession, j’ai rapidement compris qu’il est préférable de laisser la Transnitrie de coté. On peut s’y rendre à condition d’y rester moins d’une journée, je ne suis pas venu jusqu’ici pour voir des chars russes alors je choisis de rester en ville et de m’y perdre au hasard des croisements de boulevards. Les rues ne sont pas encombrées et les scènes animées sont rares si l’on écarte les marchés, la gare et les églises. Il a beaucoup d’églises orthodoxes, peut-être en faut-il plus s’ils doivent bénir toutes les voitures comme cette Passat.

Face à l’horrible hôtel officiel j’ai trouvé Don Quichotte et Pancho qui sortaient du casino le Napoléon Palace, le seul établissement qui donne un peu de couleur à cette vaste place inquiétante. Eux ne sont ne sortent ni de l'esprit de Moliére, ni du crayon de Hergé.

N'oubliez pas l'album, vous y découvrirez la castafiore jeune