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Le Blog d'images54620
25 mars 2016

Belém, ce n'est pas le baron Haussmann

 

 

 

 

bienvenue

J’ai quitté la Guyane. Bien qu’il  y ait beaucoup à découvrir dans ce département Français Sud-Américain mes centres d’intérêt sont momentanément ailleurs.  Après le bagne de St Laurent et la fusée de Kourou, mon chemin continue. A Paramaribo sur  le wakerkant, ou la flânerie ouvre les songes, j’ai eu une apparition, la vision précaire d’une silhouette fictive d’un personnage imaginaire, Corto Maltése. J’en ai déjà parlé précédemment.  Dans mes archives j’ai retrouvé une carte annotée de sa main, après le Suriname Corto navigue vers le Brésil en longeant la côte, j’ai prévu à peu prés le même trajet. Cela aurait été formidable de faire le trajet en sa compagnie. Hélas, à St Laurent sa voile n’est pas apparue à mon esprit, sans doute encombré par les bagnards.  Tant pis, qui sait si je ne vais pas le revoir sur ma route. J’ai loupé le marin,  c’est donc par les airs que je suis arrivé à Belém Para. 

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Dans les pays américains ils rajoutent le nom de l’état pour éviter la confusion avec des villes homonymes. Ici  Belém est une déformation de Bethléem Cisjordanie. Très catholiques les portugais ont donné à la ville le nom de celle ou naquit Jésus de Nazareth. Je retrouve la latinité Sud-Américaine.  Le catholicisme y est très présent, même pesant pour un athée. Une des plus grandes fêtes catholiques au monde se déroule ici en octobre, le Cirio. Une légende de statue miraculeuse de la vierge trouvée par un indigène, ce n’est pas le premier indien témoin d’un miracle de Marie. Cet événement  inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco rassemble plus de deux millions de chrétiens dans les rues. La procession se termine à l’église « Nossa Senhora de Nazaré » ou se trouve la fameuse statue. Je m’y suis déplacé mais impossible d’approcher la relique car on y célébrait un office.

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Belém est une ville maritime au bord d’un fleuve à plus de 100 km de l’océan. Ce n’est pas l’Amazone mais la rencontre de deux autres rivières : Le Para et Tocantins. Son implantation dans cet estuaire lui procure une situation idéale entre l’Atlantique et les terres intérieur, ceci est favorable aux commerces. Encore aujourd’hui son port de marchandise est actif, bien que la période faste du début du XXe siècle due à l’essor du caoutchouc se soit ramollie. La ville a encore de beaux restes architecturaux cachés parmi les tours modernes déjà dégradées par les agressions du climat équatorial. Les villes m’offrent toujours leurs dessous facilement. Dans les ruelles inquiétantes aux pourtours de la place de la république je cherchais les rumeurs de la ville sur les murs bombés par les rebelles artistes, ce que l’on appelle l’art urbain dans les galeries. 

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A mes yeux le street-art est un autre critère de latinité de ce continent. Après quelques belles découvertes je me suis éloigné par sécurité de ces quartiers peu surveillés par la police. A un angle, en contre jour la  silhouette d’un édifice surplombe les petites baraques du quartier, le palais Francisco Bolonha se dresse au milieu d’un carrefour en travaux. Respect, aucun graffiti sur cette belle construction de 1905, un ingénieur du caoutchouc l’offrit à son épouse, à son époque il fût le plus haut bâtiment de la ville. Son style diffère carrément du classique colonial, tant mieux j’aime le mélange des genres. Cela me change du Paris Haussmannien trop uniforme. Un peu loin une façade art nouveau ne dément pas l’originalité de ces propriétaires. La foison des câbles électrique et transformateurs rajoute au pittoresque. Cette originalité des styles est encore visible aujourd’hui par la décoration personnelle des petites maisons.  Cette  figure géométrique et ces faïences salles de bain en dit long sur les goûts de ses occupants. Je rie à m’imaginer mes voisins parisiens déclamer leur mépris de ce style « portugais », sans méchanceté cela vaut bien leur cuisine Merlin-Gerin.  

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Le style baroque mi XXe Merlin Gerin

Je repasse par la place, devant le théâtre et je me pose quelques minutes face à la statue de la république. Cette république, glaive à la main, semble ordonner aux immeubles face à elles le respect de l’histoire, sans certitude. Elle me rappelle celle du 10eme arrondissement, peut-être à cause des lions en bas de l’édifice. Intrigué j’attarde mon regard sur les détails aux alentours, je découvre aux pieds des lampadaires un bonnet phrygien et une francisque. Normal, c’est la France qui offrit cette statue au Brésil, tout a une explication.  

L’architecture n’est la seule à faire l’atmosphère d’une ville, il faut la population. A Belém le centre névralgique se situe au marché « ver-a- peso », littéralement voir le poids ce qui signifie bien de quoi il s’agit : le commerce des denrées quotidiennement nécessaire à la population.   Fonctionnellement il ne pouvait être qu’au bord du fleuve, là ou s’échangeaient et s’échangent encore les marchandises. Le matin, c’est vivant, c’est coloré, ça sent le poisson et bien d’autres odeurs. Recommandé par les guides pour le pittoresque, je préfère éviter. Je ne suis pas à l’aise avec le marché des animaux vivants qui vont être servi en friture quelques pas de promeneur plus loin. Les pauvres cochons hurlent, j’entends leurs cris malgré le bruit assourdissant des bus.

cochon01        marché01

Moi, c'est décidé je ne mange plus de porc, le pauvre.

J’ai pris maintes fois ces bus, je me suis vite souvenu que le Brésil ce n’est pas que le foot, c’est aussi la formule 1. Les conducteurs disputent le grand prix de Belém, les moteurs hurlent, les carrosseries penchent dans les courbes. Les passagers se sont habitués à ces sensations, les pilotes font confiance à leur saint protecteur. Je quitte Belém avec en tête une image d’Ayrton Senna, toujours pas vu Corto.

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