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10 décembre 2022

Lens La terre c'était le charbon.

 Lens : La terre c'était le charbon : l'album photo

Décembre, je connais des saints de ce mois sans les cocher dans mon agenda.

1 décembre. St Eloi, le patron des métallurgistes, et des mécaniciens. J’ai commencé à travailler dans la sidérurgie après ce fût dans l’automobile. Pour moi St Eloi ce n’est pas que la culotte du bon roi Dagobert. 

Le 4 décembre.  St Barbe ! la patronne des mineurs et des métiers du feux, très accidentogènes. Ayant passé mes tendres années dans une région minière avec mes copains on se souvient encore du bal de la Sainte Barbe, les filles de mineurs n’avaient pas la gueule noire.   

Le 5, St Gérald. Je n’ai jamais su pourquoi mes parents me baptisèrent sous la protection de cet évêque épris de musique. C’est aussi la bataille d’Austerlitz mais rien à voir avec ce récit. 

Le 6 St Nicolas.Quand on nait en Lorraine on connait père St Nicolas qui sauva trois enfants « maltraités » par un boucher. On l’attendait avec ses cadeaux distribués aux enfants sages, gentils n’était suffisant.

St Nicolas      Une bien jolie Sainte Barbe

 St Nicolas                               Sainte Barbe

Alors, lorsque mon épouse, une fille de mineur, me tendit un flyer qu’elle récupéra gare du Nord, sur la Sainte Barbe à Lens je n’ai pas hésité longtemps : SNCF-Connect, un aller et retour Paris-Lens. A ce propos, La SNCF, St Eloi ou St Christophe ? Les deux mon général Wilkipédia.  St-Eloi en Belgique, St-Christophe en France. Pas très catholique ceci. 

Lens, j’y allais régulièrement, pas descendre dans la mine mais monter le dernier moteur thermique de PSA. Donc plutôt St Eloi que St Barbe. Sur le quai en attendant mon TGV je méditais sur l’histoire qui dépassait de l’horizon : deux terrils. Unique relief artificiel dans la plaine du nord annonçant le plat pays Belge, elles n’attiraient pas que mon regard ces pyramides minières témoins d’un passé sous terre. Je me répétais à chaque mission « la prochaine fois, j’y vais » sans vraiment y croire.

3 décembre 2022, 10h56 le train me dépose à la gare de Lens en forme de locomotive à charbon où les portes seraient les bogies et la tour de l’horloge la cheminée. C’est aussi un voyage de 10 ans dans mon passé. L’hôtel est juste en face, le Paris Brest à côté du parti communiste. C’est un hôtel petit prix, la chambre est propre avec vue sur cour typiquement local. Wifi HS, c’est tenable 24 heures, douche et water sur le palier cela aussi me rajeunit, de 40 ans.

Vu sur cour   Gare de Lens

Installé, je m’élance à l’assaut de Lens, direction le musée Louvre-Lens qui fête ses 10 ans, inauguré le 4 décembre 2012, la même année le bassin minier fût inscrit au patrimoine de l’Unesco. L’art supplante le travail, le musée recouvre la fosse 9 apportant la culture là où elle était négligée. Je me souviens bien des conversations avec les ouvriers de « la française de mécanique » sur l’impact d’un musée ici. Disons très mitigé, 10 ans après il -le musée- a fait son trou.  

Dans les rues peu fréquentées mon regard s’arrête sur des souvenirs d’une époque plus glorieuse. Toutefois Lens ressuscite de ces poussières de charbon. La façade reconstruite à l’identique de l’ancienne salle de cinéma Apollo redonne du lustre à cette ancienne salle de spectacle qui accueillit Johnny en 1961, les années heureuses du bassin minier lensois.

Les travailleurs ne sont pas du matin.    Belle exemple de reconstruction.

 

Le chemin piétonnier menant au musée passe sur les restes d’un chemin de fer qui reliait les puits aux dépôts. Cela se nomme un cavalier et cela m’intéresse. Malgré le froid je prends le temps de lire les explications le long du parcours. 

Ce parcours longe le parc du musée dont je recommande l’exploration à ceux qui milite pour la biodiversité, j’ai compris que c’est une expérience réussie. J’avoue n’avoir porté aucun intérêt aux explications destinées aux promeneurs. Ce n’est pas mon affaire la biodiversité, je délègue ceci à des personnes plus compétentes. Je fais plus attention aux paysages miniers qui m’entourent. Un incontournable ici : le FC Lens et son stade Bollaert, un patrimoine sportif non classé à l’Unesco mais les « sang et or » – la couleur des supporters – s’en foutent royalement.

La mine, ce n’étaient pas un boulot de planqué, je reprends le vocabulaire moqueur de ces hommes fiers de descendre au fond.  Malgré les luttes de classe patrons, ingénieurs et mineurs se respectaient parfois jusqu’à l’estime. J’exagère à peine. Ce qui est certain est ce qu’on appela le paternalisme. C’est là-dedans que je classe le stade Bollaert qui porte le nom d’un directeur de la compagnie des mines de Lens. Le stade survivra à la fermeture des mines en 1990.

Du mineur au stade FC Lens   Cités

 

Je n’ai pas chaud, un estaminet, chez Cathy, m’accueille face au Louvre Lens. C’est bondé, normal c’est la Sainte Barbe et le musée est gratuit. Je me réchauffe autant de l’ambiance que du radiateur. Dans le Ch’nord lorsque tu entres dans un bistrot t’es rapidement un « biloute ».

Ce n’est pas le tout biloute mais maintenant tu dois les monter ces terrils. Traverser ces corons dans le froid et la lumière déclinante de décembre, c’est pour moi aussi plaisant que de remonter Broadway un soir d'été.  Mon signe astral de dualité m’oblige toujours à ces comparaisons entre contraire.

Lens en décembre   Broadway en août

Lens ou brodway ? Pareil pour moi. 

« Découverte d’une pyramide maya dans le Pas-de-Calais » c’est la pensée qui me vient lorsque je cadre la photo au pied du terril. Atteindre le sommet fût plus facile que je le craignais, juste un plus risqué que Montmartre, absence de rampe sur les terrils.

Découverte d'une pyramide maya dans le Pas-de-Calais  Terril : fait.

Je redescends au 11/19 assister au départ de la procession de Sainte Barde. Et je terminerai la soirée collée à un poêle en calant mon estomac avec une tartine au maroilles.   

Voilà, l’histoire est passée, Lens est en mutation. La monde de la mine quitte la vraie vie et rentre dans les musées, pas encore avec l’égyptologie mais un jour peut-être. L’office de tourisme, que je que je remercie au passage pour leur amabilité, veillera à ce qu’il reste bien présent. Le symbole de cette métamorphose je le coche dans la métamorphose des corons de la cités 9 en hôtel 4 étoiles, le luxe payant remplace le paternalisme.

IMG_7155  IMG_7166

 

Avant de quitter Lens je vais saluer un grand homme, par sa taille, Le président De Gaulle est né à Lille, Salengro le président de la présipeauté Groland est né et enterré à Lens.

IMG_7186

 Bien sûr :       

Au nord, c'étaient les corons
La terre c'était le charbon
Le ciel c'était l'horizon
Les hommes des mineurs de fond

Vers l'album photo

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