Zapata Marteau et clé à molette

7 février 2022

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Je me suis basé dans la vallée de Cuaulta située dans le petit état de Morelos à deux heures de bus de Mexico, 80 Km. La géographie on l’apprend aussi en voyageant. En théorie la température descend environ de 1 degré chaque 100 mètres. Je le vérifie. En descendant le thermomètre est remonté des 20° de Mexico 2240m jusqu’au 29° à Cuaulta 1320m, 940 m d’écart = 9°. Pour rejoindre l’hôtel je marche à l’ombre comme dans la chanson mais pas pour la même raison. Les trottoirs hauts et étroits sont encombrés de marchands ambulants m’obligeant à la prudence, c’est le gros enquiquinement d’une valises à roulette elle élargit votre gabarit.

Hôtel Colon, j’y pose mon bagage et m’installe à une table du restaurant mitoyen. Une dame et sa fille attablées en face devinent que je ne suis pas d’ici. Les touristes non mexicain s’arrête rarement dans cet état. Le guide du routard n’en parle même pas. Alors pourquoi se poser ici ?

La mère intriguée s’adresse à moi en anglais. Pour elle je suis un «güero» c’est d’ailleurs le mot qu’elle utilise. Un mot validé par l’académie mexicaine, intéressant de remarquer que la langue se complète de mots mocaux. Gringo je l’entends moins, et güero c’est peut-être plus poli. Attention il peut aussi se muter en mépris selon la conversation. Un güero ou güera (féminin) sont des personnes à la peau et cheveux clairs. Intrigué de rencontrer un étranger ici elle souhaite en savoir plus.

- Je suis venu visiter les terres du caudillo Zapata. Pouvez-vous m’indiquer où se situe sa tombe que j’aille me recueillir. J’en fais un peu trop.

- Oh, c’est curieux de la part d’un états-unien (Il ne dise pas américain).

- Je suis Français.

- Français, Nicolas Sarkozy!

Je lui explique que nous avons changé deux fois de président. Sans donner de leçon car j’ignore celui de son pays. Avec Zapata la conversation ne pouvait que s’orienter vers la politique. Maintenant elle sait que la France est présidée par Emmanuel Macron et moi que AMLO, Andres Manuel Lopez Obrador fondateur du partie MORENA en 2011 accéda à la présidence du Mexique en 2018. MORENA, mouvement de régénération national, c’est bien trouvé car cela signifie bronzée, brune (féminin), le contraire de güera. Ce président s’est justement engagé à mieux écouté ceux que l’on nomme les indigènes.

Ma voisine doute de la présence des restes de Zapata dans son monument officiel et m’avoue qu’elle penche du coté «complotiste». Zapata n’aurait pas été assassiné en 1919 à Chimaneca dans l’embuscade que lui tendit le colonel fédéral Jésus Guajardo. Le coup du sosie remplaçant fonctionne aussi ici.

Ses assassins l’enterrèrent très profondément craignant non pas une résurrection mais une tentatives de ses hommes de récupérer le corps. Rien n’est éternel même la perpétuité dans une cimetière. Début des années 30 les restes du Caudillo Zapata sont déplacé dans un monument place de la révolution du sud. L’histoire est infidèle, en 1919 le pays élimina un rebelle, en quelques décennies il se métamorphose en combattant de la liberté et accède au rang de héros national vers 1930.

Le monument se situe à deux «quadras» (carré de maison) je ne perds pas de temps. Me voici face à face avec le terroriste devenu héros. Le caudillo est là au milieu de la place de la révolution du sud, sombrero repoussé à arrière d’un visage fier au regard décidé, son fusil au sol maintenu en main gauche et dans la droite le parchemin Terre et Liberté. Les gens ne doivent pas voir souvent un güero photographier celui qui semble il faut bien le dire un peu seul dans son cercle sur le carré de la place.

Pour faire très vite, notre héros naquit dans un milieu de petit propriétaire terrien. Et sur toute la terre les paysans sacralisent la leur, de terre. Lorsqu’une une réforme à la con du président Perfidio Diaz distribua une grande partie des terres aux riches haciendas la famille Zapata y perdit beaucoup. Madero succéda à Diaz poussé à l’exil. Contrairement à ces engagements il ne modifia pas cette réforme. Se sentant trahit Emiliano ne supporta plus de voir ces nouveaux propriétaires bouleverser les traditions et maltraiter les indigènes. Il fonda une armée de révolutionnaires, rebelles vu de Mexico, et commença sa lutte avec le seul objectif de reprendre ce qu’on leur avait volé : La terre. Son rêve de Terre et liberté s’éteignit avec lui en avril 1919 dans cet hacienda de Chimenaca.

Les jours suivant je me suis rendu à Chimaneca ou il tomba de son cheval criblé de balles. Il y a presque autant de charros à cheval que de mexicain au volant d’une ancienne coccinelle. Charros ? Cavalier propriétaire terrien indépendant respectant un code vestimentaire très caractéristique. Facile revisionnez les classiques du western. Lorsque j’en croise un je lance « Viva Zapata » j’ai droit à de grands geste amicaux. Zapata se sapait toujours en charro, Il fût un grand dresseur de chevaux et aussi de téquilla.

Il ne fallait pas que je manque sa maison de naissance après la muerte. Surtout pour la fresque peinte par Roberto Rodríguez Navarro. Un mélange de style stalinien et d’affiches Rossignol de nos murs de classe justement quand j’étais gamin et que j’y restais collé de longues minutes. Pareil ici avec ces détails qui appuie sur le sentimental. Ces images marquent les esprits.

Il ne faut oublier l’autre héros local, le petit artilleur, héros de la guerre d’indépendance sur un fait d’armes en 1811. A 11 ans Narciso Mendoza est un jeune guerrier dans le bataillon d’enfant crée par Morelos. Et oui des bataillons d’enfants. Il mit en fuite les espagnols qui ne s’attendait qu’un gamin puisse seul armer et mettre à feu un canon. Plus tard il dut prendre l’exil car il avait choisit le mauvais camp à l’époque de Maximilien. Il était du coté des français, pas le bon.

Il est à la fois le Gavroche de nos barricades et le Manneken Pis de Bruxelles qui éteignit la mèche en urinant. .