Kyoto, Les temples la gare.

23 novembre 2016

Le japon est une île pleine de bosses au littoral découpé, une géographie qui restreint la surface habitable des 127 millions d’habitants. La densité est plus faible à Tokyo qu’à Paris mais cela s’inverse dans la même proportion si l’on compare les pays. Sur le terrain c’est vérifiable, les 470 km d’autoroute entre Tokyo et Kyoto sont bordés de zones urbaines sans un paysage vierge de présence humaine. La ligne de macadam posée sur des pylônes de béton serpentent dans les vallées, contourne monsieur Fuji, le volcan qui gratte le ciel à 3600 m, et s’engouffrent dans des tunnels. Jolie cette route, il ne pleuvait pas tant mieux. Car depuis mon séjour au pays qui a mis le soleil sur son drapeau je ne l’ai pas vu beaucoup. Et voilà, en fin de journée les nuages s’en mêlent et empêchent le soleil de nous faire des clins d’œil à travers les vitres opaques du bus. Nous arrivons en bord de mer et pénétrons dans le territoire de Toyota, la ville de Noboya. En longeant cette zone industrielle, imprégné de cette lumière couleur d’acier je me revois à l’usine.

Kyoto station, encore une fois j’arrive de nuit, pas grave j’ai imprimé un plan en japonais du chemin qui même à l’adresse réservée. Je le montre à un agent de police qui n’indique du doigt la direction à prendre. Je quitte la large avenue fréquentée pour m’introduire dans un pâté de maison avec des rues étroites à l’éclairage en mode économie. Peu de monde, un homme sort son chien en laisse, avec une cruche d’eau dans la main pour nettoyer lorsque l’animal lève la patte. Oui, oui je l’ai vu. Je lui montre le plan, il sort ses lunettes, la pénombre est trop forte nous devons nous rapprocher de la source lumineuse d’un magasin. Navré il ne connait pas. Pas grave l’ami, je vais attendre en embuscade un autre passant, c’est un cycliste équipé d’un smart phone avec GPS. Sauvés par la technologie des satellites, ma destination s’affiche sur le petit écran : juste au bout de la rue. Mais comment faisait-on avant ? C’était galère, simplement. La technologie est partout ici même au petit coin sur des WC Toto avec siège chauffant équipé d’un boitier de commande à plusieurs fonctions. Bien lire la notice avant de tirer la chasse d’eau. Sinon gare à vos fesses ! Juste pour rire un peu :

Malgré la modernité présente les traditions ne sont pas absentes. Les japonais fréquentent les temples, les kimonos montent en taxis, et c’est l’année de règne de l’empereur, 28 de l’ére Heisei, qui est imprimée sur les tickets de métro distribués par des automates qui parlent plusieurs langues, pas le français.

Je vais me plonger un peu dans l’histoire à Kyoto, ville connue pour le protocole signé en 1997 sur la réduction des gaz à effet de soir dans l’espoir de freiner le réchauffement climatiques. Et Kyoto a eu chaud ! En 1945 elle était sur la liste des possibles cibles de la bombe. Elle fût épargnée à cause de la lune de miel qu’y passa Henry Lewis Stimson, l’un des décideurs de l’utilisation de l’arme atomique. Il argumenta que la destruction de cette ville et de tous ces temples compliquerait la réconciliation avec le Japon. Effectivement, comment leur vendre du Coca et des Marlboro après ça ? Devons-nous le remercier ?

J’ai fait du temple Higashi Hongan-ji le repère pour retrouver mon chemin depuis la gare. Le moine Shiran Shônin ( 1173-1263) est le fondateur de la branche bouddhiste Jodo Shinshû (de la vraie terre pure) l’une des plus répandue au Japon. Pour être très bref il a simplifié l’accès à l’éveil à tous par la foi et la prière sans passer par des pratiques et connaissances compliqués pour des gens peu instruits.

Kyoto fût capitale du Japon, les empereurs séjournèrent pendant des siècles dans le château Nijo. En 1868 L’empereur Meiji se sépare du Shogunat Tokugawa et déménage le pouvoir à Tokyo qui devient la ville numéro 1. Les shoguns étaient des généraux à la tête du pays. L’empereur sans oser le comparer à une potiche avait peu d’emprise sur le gouvernement de ses sujets. Meiji réussit à se débarrasser des shoguns grâce, en partie, à la convention de Kanagawa signé en 1854 qui ouvrit le commerce avec qui ? Les américains qui tournoyaient avec des navires de guerre dans les parages histoire de forcer un peu la main aux Shoguns inquiet de cette présence militaire. Les généraux ont eu peur, l’empereur en profita. Au XXI siècle, les US ont plus de mal à faire accepter le TAFTA sans leurs cuirassés.

Aujourd’hui le château est classé au patrimoine de l’Unesco, deux enceintes massives assuraient la tranquillité aux empereurs qui pouvaient flâner tranquillement dans le jardin. Je préfère celui-ci aux figures trop géométriques de notre Versailles, Monsieur Le Nôtre n’avait-il qu’une règle et une équerre comme outils ?

C'est bien la premiére fois ou je me montre dans le blog

Ici ce ne sont que des courbes, la ligne rectiligne est proscrite dans le pays ou il faut marcher droit. Deux visites en une journée, une étincelle d’histoire dans un millénaire. Les temples, les jardins, les belles calligraphies suffisent à une agence de voyages pour vendre un séjour. Viennent ensuite les randonnées ou séjour en montagne et les fumeux onsen, des sources d’eau chaude nombreuses sous cette surface ou la croûte terrestre est capricieuse. On ne peut venir au Japon et ignorer les mangas, un manque de curiosité impardonnable. Kyoto à ouvert un musée dédié à ces images. Je dirai plutôt une bibliothèque qui attire des lecteurs de tous âges. La salle de documentation ne désemplit pas de chercheurs, est-ce déjà un pan de leur histoire à étudier ? Je profite de mon passage pour me dessiner en samouraï. On voit peu dans les revues de voyage les bâtiments contemporains, le guide du routard a mis 3 étoiles à la gare de Kyoto, il a raison. Un désordre asymétrique ou s’ordonne parfaitement le flux de voyageur pressé et les promeneurs flânant dans les magasins.