One ticket to tokyo, please

15 novembre 2016

La nuit venait juste de tomber sur Tokyo lorsque je suis arrivé au pays du soleil levant. C’est ennuyeux d’arriver de nuit, mais 18h ce n’est pas si tard. Anticipant de mon état de fraicheur après ces 22 heures de voyage j’ai réservé un lit à deux stations de métro de l’aéroport. Bonne initiative car une heure plus tard j’étais sous la douche du Sensu guest-house que j’avais pour moi tout seul étant le seul client. Apres une nuit reconstructive et un grand café je dois rejoindre un quartier plus central ou j’ai une autre réservation, Asakusa. Je profite d’être ici pour une ballade urbaine dans cette banlieue située entre un aéroport et un port tous deux internationaux, peu touristique. Fallait pas s’attendre à trouver un terrain de golf et de belles résidences. J’aime palper ces endroits, je m’intègre dans l’écorché anatomique d’un immense organisme vivant et deviens l’une des particules de cette ville qui en compte 42 millions.

Fallait pas s'attendre à un terrain de golf ici

Avant de me dissoudre dans le flux sanguin de globules humains j’ai analysé le résultat de l’analyse du laboratoire Wilkipédia : la densité est trois plus élevé à Paris qu’à Tokyo ! J’ai cru à une erreur, et bien non car Tokyo est gigantesque alors que la surface est plus petite pour les 20 millions de parisiens obligés de se côtoyer. Le calcul attribue une densité de 21 000 à la Française pour seulement 6 200 à la niponne. Le risque d’infarctus est élevé pour Paris avec un cholestérol si haut ses artères se bouchent, tout s’arrête et on étouffe. Je le vérifie sur place et vis en direct cette différence. Tokyo est fluide. Le diamètre des artères, la largeur des grands axes facilitent l’écoulement de toute la population que ce soit à pied, en voiture ou en transport public. Bravo. Mais tout ceci ne serait pas suffisant sans la discipline et le civisme de chacun. Avec les précautions que prennent les japonais pour améliorer le vivre ensemble alors c’est évident que les 42 millions de globules ne se piétinent pas dans Tokyo.

Au carrefour de Shibuya où des flots de personnes affluent de toutes parts la traversée est surréaliste aux yeux d’un parisien. Rouge voitures, les véhicules s’arrêtent sans grincement, aucun ne dépasse la limite tolérée. Vert piétons, les gens franchissent surement et sans précipitations le macadam. Entre les deux, pendant quelques secondes le carrefour de cette ville de 84 millions de jambes est vide ! Seul Jacques Tati aurait imaginé cette séquence dans un film.

Pour bien circuler dans cette agglomération 20 fois plus grande que Paris l’homme a bâti au fil du temps, et de l’eau, son réseau de communication, les lignes de chemin de fer et les autoroutes urbaines passent au-dessus des têtes et les métros sous les pieds. Des passerelles pour les piétons s’enchevêtrent dans tout ce méli mélo et le système nerveux, à travers les câbles électriques, sillonnent toute la ville en s’agrippant sauvagement ou il le peut. On ne voit que ce maillage nécessaire entre les organes vitaux de la cité.

Il est difficile de trouver du charme à cet imbroglio urbain, il ne faut venir ici dans l’espoir de photographier de belles façades. Il en existe quelqu’une je l’ai lu dans les guides. Dans les quartiers d’affaires le béton, le verre et le métal se partagent l’espace. Ailleurs ce sont plutôt des maisons basses. La ville vit, son sous-sol aussi. Si la terre rote trop fort elle ébranle la surface. Les fréquents tremblements de terre impose des normes de construction adaptées, jusqu’au prochain séisme. C’est l’explication de l’hésitation aux grandes hauteurs. Les voisins de la plus haute de télécommunications du monde ne redoutent pas les ondes électromagnétique mais qu’elle tombe à la prochaine secousse.

Le pont Nihonbashi, un des rares vestiges de l’histoire, se blottit sous le metropolitan 6 et l’inner circular road, quel gâchis ? Il faut choisir entre le patrimoine et le quotidien des millions de globules humains indispensable à la bonne santé de la ville. Moi qui ai perdu des centaines d’heures au carrefour Magenta Lafayette je suis envieux.

Et puis je ne suis pas venu à Tokyo pour le patrimoine, mais à cause d’une réplique de cinéma

« One ticket to Tokyo Please »

Une blonde dans une combinaison jaune rayée de noire sur une Kawasaki ZZR 250 également jaune traverse Tokyo à la recherche d’une ancienne amie, pour un diner en tête à tête au Gonpachi. En tête à tête ! Vous connaissez la scène ? Un mélange de Manga Kung Fun réalisés par un américain amateur de western. La belle motarde nous emmène sur sa machine à travers les méandres de béton sous les éclairages bariolés des néons. Voilà pourquoi je suis ici et que j’ai traversé la ville pour déjeuner dans ce restaurant maintenant aussi célèbre que le bistrot d’Amélie Poulain rue Lepic.

tokyo (22)

Les temples et les jardins ne sont pas en tête de liste de mes préférences. Cela serait incorrect de ne pas honorer la «culture» traditionnelle aux yeux des japonais. Mon auberge étant à quelques pas du temple Sensō-ji, je suis obligé d’y passer pour descendre dans le métro. Comme je ne suis pas sectaire, j’en ai fait le tour. J’ai bien aimé ce monument à la gloire d’une chanson, Hato Poppo du compositeur Rentaro Taki, c’est la première que je voyais des pigeons en bronze sur un monument, je devais en parler.

Et le palais impérial ?
Il y avait la queue, et puis vous savez pour moi les empereurs ce ne sont pas les personnages les plus représentatives. Je cherche le populaire et ici un animal à quatre pattes est devenue le symbole de la loyauté et fidélité : Hachiko, ce chien attendit à la gare tous les jours pendant 9 ans son maitre parti un matin sans jamais revenir car décédé d’une crise cardiaque. Maintenant c’est la queue devant sa statue pour se photographier devant la brave bête et se jurer fidélité, au moins pendant 9 ans.

Cela vaut bien un empire ?

Pour les yeux, l'album