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Le Blog d'images54620

Gilets jaunes 20 juillet 2019

Samedi 20 juillet 2019 : libérez les touristes.

 

Gilets jaunes Chalecos amarillos yellow vests 20/07/2019

Explore this photo album by Gérald Masnada on Flickr!

https://www.flickr.com

 

Les leaders médiatiques des gilets jaunes avaient appelé à rejoindre une manifestation à Beaumont sur Oise et s’unir avec le comité « La vérité pour Adama » un jeune homme de 24 ans décédé lors d’une interpellation policière qui a mal tourné, en 2016. Depuis les conclusions de la justice ne convainc pas tout le monde. C’est le bon moment pour certains d’appuyer là ou ça fait mal : la violence policière et montrer que tous ceux qui portent un gilet jaune ne sont pas forcément des chemises brunes, des fachos.

J’ai préféré rester dans Paris et rejoindre le cortège de la porte de St Cloud en compagnie d’autres gars retrouvés à République.

A la sortie du métro porte de St Cloud, les tambours et les sirènes tentent avec leurs décibels d’amplifier le rassemblement qui il faut bien le constater diminue chaque samedi. Normal, c’est les vacances. En marche :  le parcours est long. Les premiers kilomètres longent les maréchaux bordés de belles demeures. Ce n’est pas mon Paris. Bien encadré par les forces de l’ordre les manifestants chantent et agitent leurs slogans sous les balcons des rupins du 16eme. Je ne pense pas vraiment ce que j’écris mais je décris ce que je vois. Un client du Franprix sort et brandit un pouce contestataire vers le bas face aux plus criards des manifestants. Début de bagarre vite contenue les policiers. Les jaunes sont en terrain hostile, personne sur les larges boulevards, peu de monde aux fenêtres, cela sent le guet-apens, le piège. L’armée est éparpillée et évolue à découvert.  Boulevard Suchet, subitement des assiettes sont jetés depuis un balcon et s’écrasent au milieu de l’attroupement sans blesser personne. Le cortège s’arrête, les bras se lèvent et pointent l’étage attaquant.

« Collabo, collabo » hurlent mamy Florence, c’est écrit sur son dos jaunes. Les trainards sifflent, hurlent, la sirène sonne la détresse : c’est Roland à Roncevaux. La tête de l’armée jaune réagit, fait demi-tour et à son tour vocifère contre cet ennemi maintenant camouflé dans son donjon. Un casque de moto tombe à quelques centimètres de ma position, je me retire sous un arbre.

Que fait la police ? Elle n’a pas tardé à agir, un policier se montre sur le balcon, la situation est sous contrôle, le franc-tireur maitrisé.

Ils ont bon gueuler et faire tout le boucan possible aucun quidam ne lira leurs pancartes dans ces quartiers résidentiels sans l’âme parisienne, pas un bistrot, pas une boulangerie mais des ambassades, Bélarus, Madagascar, Monaco et l’impressionnant blockhaus russes boulevard Lannes. Devant le siège de l’OCDE une pause de quelques minutes, beaucoup ne savent pas que ce château de la Muette fit construit par Henri de Rothschild qui en fît son pied à terre parisien avant de le vendre à cette organisation européenne. Ils passent muet devant un symbole du monde qu’ils ne veulent plus.  

Porte maillot, nous retrouvons le vrai Paris, l’arc de triomphe bien en vue mais inaccessible. Nouvelle pause casse-croûte, je m’assieds à coté de deux jeunes gens déjà rencontrés dans les défilés. Je tairais leur identité car l’un m’a avoué avoir osé un doigt d’honneur aux policiers. Grave lorsqu’on fréquente une grande école. Ils sont très pessimistes, un peu complotistes. Ils en sont sûr et certain la deutsche bank va s’écrouler, effet domino :  Dégringolade du système bancaire. Envolé votre épargne, du livret A à l’assurance vie rien n’y échappera. Toutes vos économies disparaitront dans le séisme capitaliste. Les riches ont déjà prévu des blockhaus de survie en Nouvelle Zélande.

Il est où Steve ?

On repart, boulevard des frères Pereire, des banquiers, on reste dans la finance. Nous ne sommes plus en zone hostile, les gens aux terrasses de bistrots font des photos, aux fenêtres nous échangeons des sourires et gestes de la main. C’est un quartier huppé. J’ai repéré un gars avec un drapeau ou figure un énorme crotale sur fond jaune « don't tread on me » ne me marche pas dessus ! C’est le drapeau US de Gadsden, le crotale est normalement inoffensif sauf si vous le piétinez alors il vous tue mais il vous prévient avant en remuant sa queue équipée de castagnette. C’est un symbole libertaire datant de la guerre d’indépendance. Aujourd’hui plutôt utilisé par le tea party qui ne veut pas que l’on touche aux ports d’armes. Le spectre des opinions « gilets jaunes » est large.

Voici le 18eme, place de Clichy, au-dessus du cimetière de Montmartre je discute avec Jésus, il descend sur terre tous les samedis pour les gilets jaunes. Déjà que les rues sont étroites alors avec les travaux d’Hidalgo c’est compliqué. Les policiers ne sont pas rassurés, plusieurs face à face tendent l’atmosphère. Je suis toujours surpris d’entendre ces braves gens hurler leurs insultes aux oreilles des bleus qui doivent en avoir bien marre.

Au bas du sacré cœur, des bouteilles de verre lancés depuis le maquis du square Louise Michel éclatent aux pieds des policiers. C’est un quartier révolutionnaire, imprudents ils répondent avec deux lacrymos qui n’enfument que les enfants sur le manège.

Le quartier est sécurisé, bouclé plus personne ne passe la ligne de démarcation.  

« Libérez les touristes » rigolent les jaunes.

Sagement les visiteurs attendent patiemment derrière les forces de l’ordre pour dépenser leur argent dans les boutiques de souvenirs made in china. Ils garderont un meilleur souvenir : le sacré cœur pris d’assaut par les gilets jaunes

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