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Le Blog d'images54620
5 septembre 2022

Richmond, Edgar Poe Alfred Hitchcock

 

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J’avais coché de deux croix sur Richmond en Virginie dans ma liste de curiosités.

Étant à moins de 1000 km de ces croix je suis monté dans le train à Penn Station direction le sud.

Pourquoi ces croix ? La première à cause du déboulonnement en 2021 de la statue du général Lee, le vaincu (honorablement selon certains) de la guerre civile qui continue de traumatiser cette nation.

  Des statues mise à terre aux USA, ce n’est pas commun. En juin 2020, quelques jours après le décès de Georges Floyd, qui eut des répercussions jusqu’à Paris, la communauté afro-américaine de Richmond a fortement réagit en s’en prenant à la statue du général Lee chef de l’armée des conférés qui défendait l’esclavagiste.

Le passé ne s’efface pas avec la touche Suppr. Depuis la fin du 17eme Richmond était la bourse du marché de l’esclavage. Le commerce triangulaire comme on le définit pudiquement dans nos livres d’histoire. Hommes femmes et enfants exhibés comme des marchandises se négociaient dans des ventes aux enchères humiliantes.

Cette région exportait la plus grosse quantité de tabac au monde. La farine de blé moulue dans les moulins venait en deuxième position. Cette richesse dépendait du labeur des esclaves. Cela laisse des cicatrices que l’on croyait à tort définitivement cautérisées.     

Monuments réconciliation     Richmond gros producteur de farine

      

 L’image de Georges Floyd agonisant sous le genou d’un « cop » blanc, trop c’est trop. Le mauvais traitement des esclaves resurgit du passé. Levar Stoney, maire de Richmond, un afro américain démocrate au parcours exemplaire comprit que les monuments commémorant ces « racistes » alignés sur l’avenue la plus cossue, donc majoritairement blanche, devenaient insupportables. Il souhaita le retrait de Lee, facho pour un camp, héros pour l’autre. Une occasion de remettre ses pendules à l’heure. Le juge accepta, en juin 2020. Dans ce pays justice et télé réalité se mélangent. Les descendants des donateurs de la statue s’appuyèrent sur la propriété de celle-ci : l’état de Virginie. Le peuple ne pouvait donc pas s’en approprier. Un détail, le sculpteur était français, Antonin Mercié.

Finalement Lee et son cheval furent descendu le 8 septembre 2021.

J’ai coché ma croix dans ma liste des trucs à voir.

 Avenue cossue      emplacement de Lee

 

 La ville n’a pas bonne réputation coté sécurité. J’avais prévu de d’arriver avant la nuit. Loupé ! Deux heures de retard, un problème de loco diesel hors service en gare de Washington. 21:30, Amtrak arrive enfin à de la gare centrale. L’hôtel est à 10 minutes à pied je ne suis pas trop inquiet.

Les voyageurs tirent leurs bagages sur le quai agrippé en hauteur à un hall moderne derrière la gare. A la descente des escaliers pas de ville, une forêt d’arbres en béton et ferraille baignant dans une lumière pale me plonge dans une atmosphère Edgar Poe, «une fois sur le minuit lugubre, faible et fatigué… ». Des ombres fantasmagoriques rôdent dans cette anomalie espace temps à traverser. Ce ne sont que de pauvres bougres qui n’ont peut-être que cet endroit surréaliste pour passer la nuit à l’abri des prédateurs en uniforme. Après cette zone la rue principale, vide mais éclairée, ma confiance repasse au vert. L’enseigne de l’hôtel bien que discrète se distingue nettement. La réceptionniste m’attendait, je l’avais prévenu par téléphone du retard.

Hey Gérald, vous allez bien ?

Elle a deviné ma fatigue et procède au check-in rapidement, passeport, carte de crédit, chambre, bonne nuit.

 Amtrak désolé de la situation   Hall de gare

 Le lendemain matin en plein jour c’est différent. Les fantômes ne sont plus là, ils errent ailleurs. Je suis dans le centre touristique de la taille d’un quartier parisien, très décor numérisé de cinéma. Avec un peu d’imagination je recule de 150 ans. J’entends les charrettes et les fers à chevaux sur les pavés. Les autos d’aujourd’hui font moins de bruits, pas les cavaliers en Harley Davidson.

Je retourne à la gare intrigué par mon arrivée la veille au soir.

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Quel paysage ! Pas grand canyon genre western, un mélange de retour vers le futur, star- trek et blade-runner.

Vous imaginez ? Non !

Normal on ne verra jamais ceci en France. L’édifice est classé monument historique. Tout autour les autoroutes en béton s’entremêlent avec les viaducs rouillés des chemins de fer. La fonctionnalité l’a emporté sur l’esthétique, l’unique exigence était de contourner la gare sans la transpercer. Tout cet imbroglio urbain la rend encore plus belle et fière de son passé.

Dans mon village à cause d’une minuscule chapelle classée aucun panneau solaire n’est autorisé sur les toits. C’est con.

 

Classé monument historique    Face à la gare, ancien marché aux esclaves.

 

La deuxième croix coché de ma liste de curiosité est à une centaine de mètres de la gare : le musée Edgar Poe, considéré comme le premier romancier du genre fiction policière, noir très noir. Il fût plus populaire en Europe que dans son pays, merci Baudelaire

 

Sur la porte de la gare   

Un poète à la Rimbaud, tous les deux ne parvenaient pas à subvenir à leurs besoins et tous les deux n’ont pas eu la tranquillité de mourir dans leur lit. Coté enfance, pas terrible non plus. Après le décès à Richmond de sa mère comédienne il sera adopté par un négociant de tabac. D’où le musée ici dans une maison où d’ailleurs il n’a jamais vécu. Deux chats noirs ont hantent le jardin  : Edgar et Pluton. Méfiez vous de Pluton, ( relire la nouvelle le chat noir) 

La deuxième croix de mes curiosités est cochés.

 Chat Edgar    Edgar Poe

 

Avant de quitter Richmond je voulais vérifier une chose au musée de la guerre civile : les armes françaises dans ce conflit. Au bord de la rivière James le musée squatte l’ancienne fonderie Tredegar d’où sortait des canons. En vitrine j’ai pu constaté que l’armée des confédérés utilisa des revolver Lemat un armurier français installé à la Nouvelle Orléans. Ses revolvers étaient fabriqué à Paris, Liège et aux US. Lemat épousa la cousine du major LePretre qui déclencha la guerre de sécession, un sudiste. Les cavaliers confédérés portaient à la ceinture un sabre copié d’un modèle français.

 J’ai quitté Richmond comme je suis arrivé, en pleine nuit sur un parking désert, atmosphère Hitchcock.

 

Révolver LeMat   Sabre modèle French

 Vers l'album photo

 

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