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Le Blog d'images54620
24 mars 2019

Cuba, signaux faibles.

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C’est comme si en France nous aurions encore le portrait du grand Charles dans nos rues. Impensable ! Et bien à Cuba c’est comme ça, Fidel et ses compagnons d’armes encourage tout le pays.  Et comme cela risquerait de pas suffire les paroles révolutionnaires s’affichent dans les villes et campagne.

C’est vrai qu’à chaque grande élection en France nous avons un candidat qui se réclamera des valeurs du grand Charles. C’est rigolo, plus personne n’y croit.

De Gaulle, Kennedy, Khrouchtchev et bien d’autres sont maintenant au panthéon des grands hommes. Castro les a rejoints en dernier. Que reste-il d’eux à part des noms d’aéroport ? Ils occupent une bonne place dans l’histoire. Avec un grand ou petit H elle se fait et se fera toujours toute seule, c’est elle qui sélectionnera les prochaines idoles.

Ces hommes, on va faire simple, avaient divisés le monde en deux. Qui sont les gentils et qui sont les méchants, capitaliste communiste ou communiste capitaliste ? Ne comptez pas sur moi pour vous aider j’ai changé d’avis plusieurs fois parce que cette vision binaire ne me convenait pas.

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 Parole à apprendre par coeur                                                 Emilio fait son marché ? 

C’est écrit dans leur constitution : la république de Cuba est un état socialiste ouvrier indépendant et souverain qui veut le bien de tous. C’est top de vouloir le bonheur de tous.

Castro a repris les théories de Marx, le capitalisme va à l’encontre du bonheur de tous. Alors il sera son grand ennemi. Les américains ont échoué à faire taire leur truculent voisin, le camarade soviétique veillait en coulisse. Aujourd’hui ce n’est plus une menace.

Puis vint la chute du mur, le symbole du monde bipolaire. Nous connaissons tous cet événement, 1989. Un homme, Gorbatchev ne désigne pas les gentils et les méchants : les cartes sont redistribuées par madame Histoire. Sans le support russe les américains étaient certains que Castro serait foutu.

Raté, il a repeint ses icônes et entrouvert la porte aux touristes qui deviennent un peu moins de méchants capitalistes. Le régime devra modifier plusieurs fois sa constitution et autoriser des petits commerces particuliers.

Les premiers qui sont arrivés étaient sympathisants au régime, ils voulaient voir des gens heureux rejetant la folie occidentale qui inévitablement mène le monde à la catastrophe. Ils adoraient l’un des derniers à brandir le poing face au président américain.

Maintenant la majorité des cubains sont nés après la révolution. Les idoles sont patinées. Si personne ne remet en question le bonheur de tous grâce à l’état, aujourd’hui il est plus difficile de voir les étagères des magasins d’état vide si en face avec de la monnaie convertible on remplit son panier. Il sera de plus en plus dur au régime de maquiller la réalité et de reporter tous ces maux sur le méchant blocage américain.  Depuis que le nouveau président du Brésil, qui n’est plus un ami, ne livre plus les poulets le rationnement est revue à la baisse.

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 On s'ennuient ?                                                                      Sans équivoque

Les touristes de moins de 40 ans viennent un peu parce qu’en Europe les vieux routards leurs parlent des derniers moments d’authenticité. Les curieux en profitent pour des vacances différentes. Ils boivent un mojito au même comptoir qu’Hemingway que certainement ils n’ont pas lu. Ils connaissent le Che et Fidel et choisissent une affiche bien rouge qui sera offerte à un copain de la France Insoumise. Ils se secouent au rythme cubain et iront visiter le musée de la révolution avant de rejoindre leur quotidien occidental. Pendant le séjour ils auront écouté et discuté avec les cubains, un tourisme responsable. Ils auront vu et porteront chacun leur jugement. J’ai aimé la remarque d’un ingénieur trentenaire français rencontré à Santiago. Nous en étions au seuil de pauvreté, il a fait cette constatation : ici ce n’est pas pauvre, c’est différent.  

Cependant et malgré la stature indéformable du leader Fidel petit à petit des signaux faibles apparaissent. Les murs commencent à suinter le doute dans les ruelles des villes. A Santiago dans un faubourg des graffitis demandent plus de la démocratie et de droit.  A la Havane sous un portrait pas très ressemblant le mot enfer a été rajouté. Sur un mur une petite phrase en dit long « regarde ton paradis ». Plus hard et moins respectueux ce « I love cuba » sans équivoque.  Même le Che commence à perdre de son allure dans certains portraits peu à son avantage.  Les jeunes s’ennuient et doutent de la doctrine. Ils écoutent du Reggaeton bien fort pour marquer leurs différences.

 

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 étagère vide                                                                        à gauche de la porte : regarde ton paradis

Des édifices coloniaux s’écroulent tandis que des hôtels 5 étoiles se bâtissent. La Havane ou vas-tu ?  Le transport, gros souci pour les cubains, est très problématique. Traverser l’île pour se rendre au chevet d’un parent malade à l’oriente coûte un mois de salaire, pour bénéficier du prix local il faudra trois mois d’attente. On arrivera peut-être avant les funérailles. Les premiers sdf se cachent dans des châteaux de cartes. Quelques vieillards pliés par l’âge et la honte s’alimentent dans les poubelles de la rue Obispo très fréquentée les soirs.

Le soir à la casa particular à l’abri des oreilles indiscrètes j’entame la conversation avec mes hôtes qui comptent en monnaie convertible. Tout même à ouvrir le débats, l’absence d’œufs, les chaines TV, embargo, etc…

 

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Victorio à 47 ans, deux enfants et deux chambres à Santiago qu’il loue l’équivalent de deux semaines de salaire cubain par nuit au capitaliste qui visite sa patrie socialiste.

Lui c’est, Viva Fidel. Il a avoué qu’il pourrait tolérer un libéralisme léger à la Mitterrand.  Les cubains de Miami arrivent forcément dans la conversion. Ce qui est délicat d’aborder c’est la notion production-salaire. Tu produis plus, tu gagnes plus.

Victorio : Oui à Miami ils ont des voitures et tout le confort mais où est le bonheur s’il faut travailler dur toute sa vie ? Quand ils viennent ici ils sont si éreintés qu’ils ne peuvent plus lever la tête pour regarder nos belles églises.

Tout de même il économise et espère construire deux chambres supplémentaires. Un investissement dont ses enfants profiteront. Il a compris.

Cuba est un pays socialiste où les gens s’ils ne sont pas tous heureux ont encore le sourire facile. Ils vous accueilleront du mieux qu’ils pourront faire et pas pour l’argent. Le dollar et l’Euro n’ont pas encore effacés les idoles.  

Mort au capitalisme ! Il faut bien rigoler.

 micheline    sourire

 

Micheline et Mercedes, 20ans d'amitié.                                       

 Aujiurd'hui Mercedes profite un peu de la nouvelle donne, elle est cuisinière dans un restaurant monté avec une voisine. 

Cuba, signaux faibles

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