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Le Blog d'images54620
6 septembre 2018

Moscou, the wind of change

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Je vous avais laissé avec Nathalie sur la place rouge,

c'est peut être sa petite fille ? 

 

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Explore this photo album by Gérald Masnada on Flickr!

https://www.flickr.com

 

Quand on part en voyage il est préférable de laisser ses préjugés dans un tiroir. Il vaut mieux partir avec l’envie de découvrir plutôt que l’intention de vérifier si ses préjugés sont fondés, ou non. Et il faut mettre plus de réserves sur les destinations affublées d’une renommée mondiale. C’est le cas de Moscou, l’œil de Moscou, les chars de Moscou, qui a bien du mal à effacer cette réputation.

Cela fait une bonne semaine que j’use mes semelles sur ses trottoirs d’une station de métro à une autre. Je suis bien content le soir de m’affaler dans un canapé confortable. Les voyageurs disponibles, une fois que chacun en a terminé avec internet, font connaissance et échangent leurs expériences réciproques. Pour les cheveux gris Moscou est encore un peu le reflet de l’image du monde en deux idéologies.

Une dame canadienne trouve pesante l’atmosphère de la ville avec ses vastes étendues, elles se sent surveillée par toutes ces statues autoritaires. Pour ce californien, l’ouest commence à Berlin et se termine au « golden gate » de San Francisco, le reste est hostile. Faudrait qu’il passe à une version supérieure. Les jeunes découvrent le soviétisme dans les musées et y portent un autre regard.

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Eux, on est pas prêt de les oublier.  

Je modère mes paroles et tente d’éloigner la politique, pas facile nous sommes à Moscou, une ville qui pèse lourd dans l’histoire du siècle qui vient de s’achever.  Je le dis l’atmosphère de la ville m’a écrasé, surtout les premiers jours. J’en suis responsable car je l’ai cherché au début j’ai fait un parcours trop soviet.  L’architecture stalinienne avec les sept sœurs, ces bâtiments élevés par le maitre dans les années 50. Il les voulait impressionnants, ils sont écrasants. Une beauté curieuse qui les rend menaçant comme un piège si l’on les regarde trop longtemps.  Le ministère des affaires étrangère dresse ses pointes au-dessus d’un quartier coquet ou reste encore quelques belles demeures du 19eme siècle.

 

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 La maison sur le quai face au Kremlin, carrée comme une prison, fût conçue pour offrir du confort aux cadres méritants du parti. De beaux appartements, dommage que les murs avaient des oreilles, le tyran surveillait et avait prévu un escalier de service donnant accès à chaque logis depuis l’extérieur. Uniquement sa police avait la clé, si le maitre ordonnait l’effacement d’un occupant la milice débarquait et l’embarquait. Le personnage disparaissait à jamais des organigrammes et du reste. Alors naturellement toutes ces histoires alourdissent l’atmosphère. D’autant que cette ville manque d’excentricités, à part cette drôle de représentation de Pierre le grand en équilibre sur des bateaux. Un peu d’originalités dans les habitations de banlieue ne suffit pas, trop éparpillé. Je me suis promené dans ces zones sans me sentir mal, presque bien. En tout cas mieux qu’à Détroit ou le neuf trois.

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La banlieue, tranquille                                                    La terrible prison des cadres de Staline

J’ai évité les musées, rien que les portes d’entrées m’impressionnaient, et puis ils sont si grands, une autre fois. Sauf un, celui des cosmonautes. La Russie gagna la course à l’espace, Gagarine envoya des millions gamins dans les étoiles. La première femme dans l’espace Valentina Terechkova en 1963 est russe. Les chiennes Belka et Strelka en 1960 taxidermisées dans ce musée sont les premiers animaux qui revinrent vivants d’une orbite terrestre, elles n’étaient pas seules dans leur spoutnik 5, un lapin, des souris et des mouches, tous survécurent. Nous connaissons plus Laïka, sacrifiée en 1957, le scientifique qui l’envoya le regrettera toute sa vie. Les soviets ont un cœur. Les américains ont aussi sacrifié des animaux, on en parla moins.

 

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Plus loin dans un parc trop grand pour mes jambes les pavillons de l’exposition universelle de 1937 à Paris détachent leur silhouette dans un ciel nuageux offrant une belle lumière.  Je m’arrête uniquement à l’œuvre soviétique la plus connue : l’ouvrier et la kolkhozienne. Quel beau message envoyé par ce marteau brandi côte à côte avec la faucille légèrement plus haute malgré le bras plus bas de la jeune paysanne. Tout a été pensé. Ils regardent le ciel et avancent d’un pas volontaire : en marche pour le nouveau monde. On devrait la remettre au Trocadéro à Paris, le slogan a été repris.    

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Ma dernière visite sera la conclusion avec le monde soviétique, le parc des statues déchues. Comme dans la maison au bord du quai les maitres ont exilé les portraits de ceux tombés dans la disgrâce. Reconnaissant qu’il fallût en garder le côté artistique elles ont échappées à la destruction. Lénine et Marx en marbre foncé brillent sous les gouttelettes de pluie. Staline debout, le nez brisé, tourne le dos aux centaines de têtes coupées assemblées en mur. Je vais éviter une nomenclature complète car de toute façon je ne les connais pas tous.

 

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Je me ballade le long de la Mosca en direction du parc Gorki, comme les paroles de cette chanson qui arrive au bon moment.

I follow the Moskva
Down to Gorky Park
Listening to the wind of change
An August summer night

 

1989, Gorbatchev autorisa un concert de rock, musique jugée décadente, à la place rouge. Le groupe scorpions est sur scène. Lorsque le chanteur Klaus Meine voit les soldats de l’armée rouge jeter leur casquette il a senti le vent du changement. Quelques mois après il compose la chanson. Entre temps le mur est tombé et un an après lors d’un concert cette  chanson devient l’hymne de l’effondrement du block soviétique.

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Que reste-t-il presque 30 après, à Moscou il y plus de Mercedes que de Lada, voilà. La jeunesse imite à sa façon nos comportements. Ils transforment aussi les friches industrielles en quartier tendance réservés à leurs semblables, c’est-à-dire une population plus aisée qu’artiste. C’est pas mal, mais cela manque de désordre. Ordre et rigueur sont encore présent.
En discutant avec un jeune russe je lui fais comprendre que je remarque une certaine censure, on ne caricature pas le régime. Alors il me raconte une blague des années 80.

Un américain visite Moscou et dit « A New York je peux aller à Time square et gueuler Fuck Clinton ». Le russe lui répond eh bien ici c’est pareil je peux aller sur la place rouge et crier « fuck Clinton ». Tu changes juste les noms me dit-il, c’est pareil aujourd’hui.

 

 

 

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