Lopburi, quand on arrive en ville
Jadis, elle fût capitale d’un royaume, il lui reste de cette somptueuse époque quelques vestiges éparpillées dans les rues que le temps n’a pas encore complément supprimé. Aujourd’hui Lopburi est une petite ville de province à quelques heures en train de Bangkok la grande capitale de Thaïlande, une monarchie. Celle de Lopburi s’est éteinte vers la fin du 17eme siècle. Elle brilla jusqu’à la cour du roi soleil qui y envoya une ambassade en 1685.
Les français arrivaient en retard après les portugais et les hollandais qui commerçaient déjà dans la zone (voir le message sur Malacca). Louis XIV qui se voulait le plus grand des rois avait des intentions belliqueuses, il espérait convertir au catholicisme Naria le grand considéré dieu vivant et souverain du royaume de l’éléphant blanc. Un roi soleil et un dieu, deux égos surdimensionnés. L’évangélisation échoua, c’est mieux sinon nous aurions aujourd’hui des clochers et des crucifix à la place des temples colorés et leurs bouddhas souriants. Sans rancune envers ces drôles d’ambassadeurs la rue en face de leur ancienne résidence s’appelle aujourd’hui rue de France, avec sur la plaque deux drapeaux bleu blanc rouge que j’ai moi-même redressé avec une perche. C’est mieux sur la photo.
L’histoire nous l’enseigne les dynasties ne sont pas éternelles et que parfois les rois peuvent être des personnages très communs sans le prestige d’une couronne. L’histoire est passée à Lopburi, les anciens rois ne sont plus que des souvenirs attisés par la fierté nationale. Une autre tribu, sans couronne, a pris possession des temples et palais : les macaques règnent sur Lopburi devenu leur royaume. Hommes et singes vivent ensemble. Les hommes sont persuadés être les dominants, les singes ne se posent pas cette questions ils savent qu’ils contrôlent la zone. Nous les hommes avons la notion de propriété et responsabilité eux les singes celle de territoire. Ils n’ont pas besoin de traité pour définir leurs frontières. Je ne veux choquer personne en rappelant qu’eux et nous sommes classés scientifiquement dans la même famille, celle des primates : Animal (mammifère) à dentition complète et à main préhensile. On aime ou pas, c’est Larousse qui le dit.
Mais pourquoi et comment ces macaques se sont-ils emparé de Lopburi ? Je n’ai pas la réponse, cela fait très longtemps qu’ils sont là. Peut-être faudrait-il chercher vers le religieux, chaque année la population humaine honore la population singe, en novembre. En Asie il n’est pas rare de croiser un temple Hanuman, le dieu singe des hindous, je ne l’ai pas vu ici. Il existe bien des statues de singes mais non religieuse, les macaques de bronze sont au carrefour du passage à niveau. Une autre représentation en plâtre accueille les voyageurs à la gare. Je suis né singe selon l’astrologie chinoise, lorsque je lis le profil je possède tous leurs défauts. Curieux, moqueur, instable, agaçant, jamais tranquille, trop joueur et pas assez sérieux. Nous ne sommes pas obligés d’y croire. Pendant une semaine à Lopburi j’ai vérifié le comportement de mes cousins primates : comportement confirmé, je réagis comme un macaque. C’est grave Mister Darwin ?
Ils sont des milliers à vivre ici, je les ai classés en quatre grosses tribus, Les cheminots vivent prés du passage à niveau et sur les rails, les khmers habitent dans le temple du même nom, Les HLM squattent les immeubles désaffectés de la ville et les Enedis-télecom font de l’acrobatie sur les câblages. Tous sont très agités, surtout les bandes de jeunes, entre 3 et 4 ans papa et maman laissent filer les adolescents en maintenant une surveillance discrète. Un macaque vit environ trente ans, une naissance environ tous les deux ans avec un bébé par portée. En voyant ces familles vivre ensemble c’est certain que nous avons plus en commun qu’une histoire de dentition et d’empreintes digitales. Le regard de la femelle lorsqu’on approche son bébé, le mâle jamais éloigné guettant et protégeant son clan, des reflexes de mammifères que nous partageons. Un constat refoulé par certains humains, ne fais pas le singe ! C’est évident qu’eux nous ont mieux compris et les plus malins essayent de jouer à être homme. C’est rigolo et réconfortant lorsqu’ils s’emparent d’un objet fabriqué par nous. Ils sont encore loin et ce n’est pas demain qu’ils feront leur course en mobylette même s’ils arrivent à tourner la poignée des gaz.
Non, ce n'est pas moi !
Aux passages de train, la tribu des cheminots libèrent les voies, se précipitent sur les barrières et grimpent sur les panneaux de signalisation. Le vrai garde barrière sort de sa guérite et accomplit son travail sous le regard des singes jaloux de sa casquette d’employé des chemins de fer. Le soir, la circulation automobile s’accumule à ce passage à niveau, c’est le bon moment pour eux. Les attaques de diligence sont courantes, les singes sélectionnent les cibles, ils sautent dans les bennes des pickups, déchirent les emballages et s’emparent de la nourriture. Ils s’accrochent aux antennes et rétroviseurs menaçant les conducteurs. Les bus sont une bonne cible surtout ceux des écoliers qui ont un goûter. En pleine journée, il fait encore plus chaud plus lourd, le soleil brule et cogne fort, l’ombre est rare, il faut se mettre à l’abri et rester tranquille. C’est l’unique moment ou ces zigotos se calment et font la sieste. Il ne leur manque que Jean Pierre Pernaut et un canapé pour jouer l’homme retraité. Je me moque, mais de qui ?
Un cheminot Trois HLM Un khmer fait la sieste Un Enedis-Telecom
Le matin et en fait de soirée, les acrobates glissent le long des pylônes et atteignent le sol en quelques secondes. Les Endis-Telecon se suspendent aux câbles électriques et rebondissent sur un toit de voitures avant d’atterrir sur le trottoir. Les HLM dans un boucan métallique courent sur les toitures métalliques, s’agrippent aux lampadaires et rejoignent leur bande de potes sur le trottoir. La rapine va commencer, fermer vos cabas.
Quand on arrive en ville
Tout l'monde change de trottoir
On a pas l'air virils
Mais on fait peur à voir
Ça fait comme un éclair dans le brouillard
Quand on arrive en ville...
Quand on arrive en ville Pas si facile d'imiter un homme
Primates, macaques, hommes qu’elle sera la prochaine étape de notre évolution ? Un droïde avec une intelligence artificielle primate 5.5.
Je pourrais être parmi eux :