Siantar, la cité mystérieuse des BOM'S
Totem à l'entrée dans la cité mystérieuse BOM'S
Jeunes, dans les bistrots, entre copains de bistrots, nous refaisions le monde. Sans y parvenir tout en étant persuadé qu’un jour….. Ce sont les discussions de bistrot.
Le soir dans les hostels et guest-house, après la douche et internet, les globe-trotters se racontent les chemins parcourus et parlent des routes à prendre. Ils ne refont pas le monde, ils le sillonnent. Un sujet «discussions de bistrots » fait surface régulièrement : il faut sauver la planète.
Les constats sont alarmants, les conclusions effrayantes.
« Les sacs en plastiques, l’eau potable, la déforestation massive, le nucléaire, c’est foutu ! »
Je suis souvent le seul à penser le contraire.
Ce qui m’oblige de remonter à contre courant le diagnostic vers une issue favorable. Les débats commencent. J’affirme que des remèdes existent, l’homme n’est pas uniquement destructeur.
« Le plastique disparaitra, remplacé par du recyclables » .En disant ceci je repense à ce belge rencontré à Bakou, dans ses voyages il prenait en photo les vieux Goodyear et Michelin abandonnés. Le remède ? Recyclage prépayé à l’achat. Il faut mettre la main au porte monnaie. Il faut éduquer les gens, cela sera long j’en suis certain.
« Et les disparitions d’espèces à cause de l’homme ».
Vrai, la gifle qui fait mal !
« Des espèces ont disparu avant »
« Pas à cause de l’homme cela ne compte pas », la discussion de bistrots démarre.
La planéte n'est pas foutu, vu de loin Plantation huile de palme
Si des hommes détériorent la nature, d’autres la protègent. Des réserves abritent les espèces fragiles. Sauver la planète, je compatie, c’est une lourde affaire, introduire un peu de légèreté dans cette discussion devient nécessaire. Ces secouristes de la planète se régénèrent à la méthode National Géographique dans des parcs naturels. C’est le moment de raconter ma découverte de Sumatra. J’y reviens, de beaux paysages. Je mets de coté le plastique, les plantations d’huile de palme et les bidonvilles. Plusieurs parcs naturels se voient sur la carte, par hasard je me suis arrêté dans deux réserves qui ne sont indiquées sur aucun plan :
La Vespa à Balige au bord du lac Toba, et la BSA à Siantar dans la plaine du nord qui redescend vers la mer.
L’étonnement prévaut sur les visages. Vespa, BSA, j’ai peut-être mal prononcé, ou ils ne connaissent pas, je me suis éloigné trop vite du sujet, je suis trop discussion de bistrot. Il faut expliquer.
En voyage les inattendus fabriquent de vrais souvenirs. Chacun a sa marotte, la mienne sont les transports. Lorsque ce mécanicien à Amok avec qui je discutais de son scooter Vespa me répondit « A Balige, il y en a beaucoup ». J’y suis allé, voilà comment j’ai découvert une réserve de Vespa à Balige.
Dans le troupeau de becaks à Balige (voir message nuit gas-oil) j’estime le nombre d’individu Vespa d’environ 5 %. C’est suffisant pour les distinguer du reste. Le Vespa est apparu en Italie, 1945. Depuis il a migré sur tout le globe. La majorité des Vespa Sumatra datent des années 1960-70. Comment sont-ils arrivés ici ? J’ai interrogé la population locale, ils les ne savent pas.
Les Vespa ?
« Ils là sont depuis les hollandais » me disent-ils, peu cohérent. Je me suis rendu au musée ou un Vespa trône entre deux figures historiques indonésiennes, aucune explication. Le lendemain j’ai planqué aux endroits stratégiques pour les étudier, les axes routiers, les points de ravitaillement et les marchés. Scientifiquement c’est intéressant de voir combien l’espèce Sumatra a évolué. Les agiles scooters qui virevoltent dans la dolce vita italiennes sont devenues des bêtes de somme attelées à un panier sous le soleil indonésien, ce n’est plus la belle vie. Les garnitures chromées ont disparu des robes rapiécées. De loin je les entends arriver aussi distinctement qu’une escadrille d’insectes volants. C’est sans doute à cause de ce bourdonnement et de leur agilité que les zoologues les ont appelés Vespa, Guêpe en latin. Aux yeux des gens d’ici je suis l’attraction «Hello Mister» qui chasse le Vespa. Un gars passionné d’espèces mécaniques rares me signale l’existence d’une autre réserve : Siantar et les BSA !
Il est chez lui
J’en avais entendu parler de cette cité mystérieuse, n’étant pas sur ma route j’avais abandonné l’idée même d’y penser. BSA espèce éteinte en 1973, à cause de la mondialisation qui amena le prédateur nippon en Europe, un ravage dans le monde des deux roues. Le soir j’étudie la carte, c’est faisable en empruntant une autre route pour Dumai. C’est tout excité que je trouve le sommeil dans ma chambre très rudimentaire, un lit, un seau d’eau pour douche et toilette. A l’aube j’attends en face de l’hôtel le bus qui m’emporte vers Siantar. Le chauffeur s’arrête et me montre des hordes de macaques en embuscade dans les arbres, nous traversons un parc naturel ils sont chez eux. Je mine de m’y intéresser, la réserve BSA me hante.
Poum, poum, poum Hello mister !
Soudain un étrange monument au bord de la route, est-ce le totem indiquant aux voyageurs qu’ils pénètrent à leurs risques dans la zone BSA. , 10 minutes plus tard nous sommes arrivés. Ce bus s’arrête au bord de la réserve, c’est en becak que je continue. Après quelques feux rouges poum, poum, poum, j’entends distinctement ce souffle mécanique, sourd, basse fréquence ce ne peut pas être un moteur japonais, seul un gros piston émet ce son, une BSA 350 cm2 nous dépasse, j’y suis. Cette espèce a son propre cri. Pendant deux jours je traque la BSA, je l’étudie, l’espèce c’est adaptée à son environnement, carburateur japonais, renfort du squelette, dynamo 12V. Les modèles sont plus anciens que les Vespa de la première réserve. La variété soupapes latérales remonte peut-être aux années 1940, et la culbutée 50. Conclusion, les bovidés gros pistons BSA sont arrivés avant les insectes Vespa. La ville a érigé un monument.
Mon histoire a remis des sourires sur les visages. Un globe-trotter rigole et me demande si je connais la signification de BSA, un biker anglais peut-être ?
“Of course Mister Birmingham Small Arms” . Je lui montre sur une carte l’endroit ou il trouvera la ville mystérieuse des BOM’S : BSA Owner Motorcycle Siantar. Ne cherchez pas sur un guide touristique, allez plutôt sur facebook.
Vespa et BSA uniquement :
" Minute ma petite dame, on fait ce qu'on pneu ont est pas des chambres à air " celle-ci je l'ai entendu bien des fois pendant mon adolescence. Elle me faisait rire cette réplique lancée d'une voie forte du fond du garage par un mécano avec l'allure parfaitement adapté au personnage.
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