San Pedro, la lsla presque bonita.

31 mars 2017

Le bateau est amarré. Pied à terre, en file indienne selon le numéro sur votre passeport. C’est sérieux ici ! Ici c’est la baraque en bois de l’immigration du quai de San Pedro, Bélize. Je suis le numéro 2. La numérotation s’est faite au départ de Chetumal, Mexique, lors de l’achat du billet sur le Belize water taxi. Le passage n’est pas donné 50 dollars US, plus la taxe de sortie du Mexique de 30 US c’est un coup pour le budget. Avant d’embarquer coté Mexique nous avions aussi été obligés de faire la file sac à terre. Un chien renifla chaque bagage, il prit son temps Rintintin. Tout cela s’est passé tranquillement sous l’œil de policiers en cagoule et armés. Ils font le job. Le voyage continua dans une atmosphère militaire. Dans la petite embarcation le confort est réduit, une rangée de siège au milieu et quelques passagers assis sur les cotés à même la coque, dont moi. Plein gaz, la coque se cambre, les hélices griffent la belle Caraïbe qui n’avait rien demandé. C’est parti pour une heure trente de choc et secousses. Le steward a dissimulé son visage sous un foulard à tête de morts, qui va-t-on aborder ? Un galion espagnol fantômes dans la caraïbe ? Sommes-nous des guérilleros qui vont faire un coup d’état sur l'île d'Ambergris Caye ? Non, je choisis le scénario d’une bande de narco mexicains qui vont livrer leurs marchandises. C’est ce que je m’amuse à penser au moment ou le douanier du Belize cherche une place sur mon passeport pour tamponner mon entrée.

“Vous devez payer la taxe de 2,5 dollar Belize”, soit 1,25 US. Enfin je suis à ma destination : San Pedro, la isla bonita, la chanson de Madonna. Rien n’affirme que la sulfureuse chanteuse vante les délices de cette île, il existe un autre San Pedro ailleurs. Les gens d’ici se sont approprié cette chanson qui mélange les genres latino et english. L’anglais est la langue officielle de ce petit pays négligé par les conquistadors espagnol. Enfin, il n’y a guère que les américains qui parlent anglais, l’espagnol domine. Pourquoi l’anglais ? Avant 1981 sur les mappe monde figurait ici l’appellation Honduras britannique. Si vous avez encore chez vous une carte de cette époque vous devriez la changer, il faut se mettre à jour régulièrement. Pourquoi l’Angleterre au milieu des conquêtes d’Espagne ? A cause de la deuxième barrière de corail du monde qui rendait la navigation difficile. Sur une mappe monde dans une mer toute bleue on ne voit pas l’obstacle à la navigation d’un tel danger. Sur le terrain, dans ce cas c’est plutôt sous l’eau, c’est surprenant car en pleine mer alors que les côtes ne sont pas visibles vous pouvez avoir pied. Sans cartes les marins n’avaient que le ressac pour les prévenir du danger avant de se fracasser sur la barrière.

Les espagnols évitèrent donc ces parages qui seront entre le 16 et 17e un repaire de la flibuste. En 1660 un pirate anglais Bartholomew Sharpe y installa sa base, il fît connaitre le bois rare à ses compatriotes. Rapidement cette matière première précieuse passe du trafic de pirates à un commerce de marchand. Jusqu’à la création du Honduras britannique en 1862 cette partie de la carte sera disputée entre espagnol, anglais, et le Guatemala qui revendiqua son droit sur les territoires mayas lorsque l’Espagne abandonna cette région. 1981, le Belize obtient son indépendance, la couronne britannique ne quittera définitivement les lieux qu’en 1994, date de départ des derniers militaires de sa majesté Elisabeth 2 qui elle est restée sur les billets de banque. Non, ce n’est pas Madonna sur le billet de 50 dollars bélizien.

Je suis sorti de la baraque immigration. San Pedro est à quelques pas. Trouver un hébergement ne sera pas difficile, les auberges s’étendent sur la plage. La ville est petite et simple, deux avenues principales parallèles à la mer entrecoupées par des ruelles qui tombe sur la plage. Au milieu de la ville la piste d’atterrissage car on peut venir en avionnette. Il ne me faut que quelques minutes pour m’installer au Sandbar Beachfront Hostel, à quelques mètres de la mer non praticable à cause des algues flottantes qu’il faut enlever tous les matins.
Les avenues sont embouteillées par des voiturettes de golf ! Ce ne sont pas des joueurs qui se rendent au trou suivant, c’est le moyen de locomotion sur l’île. Des algues, des bagnoles, des bidons villes aux abords et des déchets un peu partout la isla n’est pas si bonita Madonna. Peut-être faut-il aller dans les zones réservées aux riches. Mais heureusement et encore une fois la population locale donne toute la couleur et le rythme à la isla bonita qui mixte les genres.
Dou you speak spanish ou english ? Inutile de poser la question, c’est facile selon le type de votre interlocuteur, les blancs parlent plutôt anglais, les noirs garifunas utilisent le jamaïcain, les latinos espagnol évidemment.
L’île est étroite 4 km et s’étend sur 35 km sur un axe nord sud décalé de quelques degrés vers l’ouest. Seul un petit canal au nord la sépare du Mexique. Des archéologues pensent que se serait les mayas qui l’auraient creusé. Cailloux, sable et mangroves se disputent la surface émergés à fleur d’eau. Ce n’est pas vraiment un coin de paradis mais c’est déjà pas mal, faut dire que les caraïbes ne manquent pas de paradis, même fiscaux.

Deux jours plus tard je saute sur la barrière de corail, cette mince ligne blanche au loin, le ressac. Si vous pratiquez la plongée ou le snorkeling alors vous savez ce plaisir de changer de monde en une seconde. Se laisser tomber en arrière depuis le bateau dans cette mer chaude, le temps du plouf et de vous retourner vous voila face à face avec un petit requin, une tortue ou au milieu de centaines de poissons. Ici c’est sous l’eau qu’il faut se promener et découvrir. Pour moi maintenant avec mon cœur rafistolé je dois rester à la surface. Tant pis, c’est déjà très bien d’être là. Je fais le signe OK aux plongeurs 10 mètres plus bas.

L'album Isla presque bonita