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Le Blog d'images54620
4 décembre 2016

Japon, deux îles deux histoires.

 

Miyajima (8)

Le train « corail » s’immobilise à quelques mètres des butoirs de la gare de Nagasaki. C’est la  première fois que j’arrive en bout de voies. Suis-je au terminal du pays ? Oui, et aussi de mon séjour. Je ne me suis pas rendu dans la deuxième ville frappée par la force atomique pour un pèlerinage, mais pour économiser un retour sur Tokyo.  Mon vol sur Paris via Shanghai partira d’ici. Mais j’y suis, alors parlons-en en quelques lignes seulement. Ce deuxième largage ne c’est passé comme prévu. A cause d’un ciel couvert  le plan A, cible militaire Kokura, fut abandonné, pour le plan B Nagasaki et les industries Mitsubishi. Le bombardier  Bockscar largue Fatman le 9 août à 11H02. Boum. Un soldat avait peint la bombe en jaune rayé de noire, Bruce Lee et kill Bill se sont-ils inspirés de ceci ? Ne pouvant plus utiliser sa réserve de carburant, c’est presque en planant que le B29 réussit à se poser à Okinawa sous occupation US. On pourrait dire que cet équipage a eu chaud si nous étions dans une autre histoire, respectons les victimes. Je suis ici, je vais au musée. C’est fait. Je ne compare pas ces deux bombardements, c’est inutile et indécent.  

deuxiles02   deuxiles01

Nagasaki et Hiroshima ont autres choses en commun que le feu nucléaire.

Au large d’Hiroshima, dans la mer intérieure de Seto, l’ile de Miyajima à une longue histoire. Le mont Misen s’élève à 535 m au dessus de la mer. C’est un phare pour le tourisme japonais, elle figure dans tous les catalogues.  «L’ile ou cohabitent les hommes et les dieux»  c’est attirant comme expression pour un athée. Les adeptes shintoïsme vénèrent les forces naturelles, elles sont toutes réunies ici, alors Miyajima est sacrée. Cela a des conséquences inattendues, autrefois naissance et mort étaient considérées comme impur. Pas contraignant pour un dieu mais un humain ne pouvait ni venir ni quitter le monde des mortels depuis l’île. Donc pas de cimetières pas de maternité ici, pas pratique.

Les adeptes shintoïsme, une croyance antérieure à Bouddha, affirment que beaucoup de Kami vivent ici. Ils y en auraient partout de dissimulés, dans un rocher ou un arbre, dans les rivières ou sous la mer, un peu comme les elfes nordiques mais sans lien de parenté.  Ces Kami «divinités supérieures à l’homme», c’est une traduction approximative, peuvent êtres des éléments de la nature ou des esprits d’ancêtres décédés. J’en ai rencontré aucun à moins qu’ils puissent revêtir l’apparence d’une biche, là effectivement elles sont nombreuses et se comportent en propriétaires des lieux.  

 

Miyajima (5)       hashima (15)

Avant d’aborder l’île, le grand torii vermillon se distingue nettement dans l’eau sur le fond vert sombre du paysage montagneux. Les Torii sont des portes qui séparent le monde profane du sacré, il faut se purifier en passant dessous avant d’entrer dans un temple ou espace sacré. Alors pas question de mettre pied à terre sur Miyajima sans se plier au rituel. A marée haute les petites embarcations passaient dessous, ce n’est plus vrai aujourd’hui.  Je ne sais pas comment ils se sont arrangés avec les dieux. Ce torii est en bois de camphrier, il est simplement posé sur le sable.  Ses 6 piliers alourdis des 7 tonnes de galets dans la poutre supérieure lui donnent sa stabilité.  L’eau salée est hostile aux bois, même de camphrier, il faut le reconstruire régulièrement, le dernier date de 1875. Cette porte purificatrice mène au sanctuaire d’Itsukushima, lui aussi a les pieds dans l’eau pendant la marée haute. C’est d’ailleurs pour ceci que l’endroit est jumelé avec le mont St Michel. Le premier sanctuaire fut édifié au VI siècle par Saeki Kuramoto. Le parcours touristique est bien fléché plusieurs chemins de randonnées peuvent vous tenter de découvrir des Kamis cachés dans la nature. Non, les Pokémons ne sont pas des Kamis.

Miyajima (9)    Miyajima (11)

C’est une longue histoire que celle de Miyajima, qui rentre parfaitement dans le récit national japonais  des manuels scolaires.  

Mais il y en a d’autres, non retenus par le récit national qui n’échappent pas aux curieux. Elles ressuscitent de façon inattendue. James Bond, dans le film Skyfall passe un très mauvais moment sur une île abandonnée à quelques miles nautiques de Nagasaki : Hachima. Son histoire n’est pas faite de gentilles divinités au milieu de beaux paysages. Que du béton, un immense navire de béton. Rien de sacré la dedans, alors plus besoin de s’enquiquiner d’un torii. Pourtant, j’ai bien vu en sortant du port quelque chose ressemblant au Torii vermillon de Miyamija, les portiques de déchargement Mitsubishi, bien plus grand. Nous sommes dans le sanctuaire Mitsubishi, une divinité bien terrestre et coté en bourse. En 1810 un gisement de houille est découvert sur ce bout de montagne qui dépasse de l’eau. En 1890 Mitsubishi devient propriétaire et exploite cette ressource énergétique vitale pour le développement industriel. Puis l’histoire s’accélère. En 1916 les premiers édifices en béton sont construits. Rapidement c’est trop petit, le béton pousse les murs et gagne du terrain sur la mer. Les conditions de travail ne sont pas la première préoccupation de l’exploitant. En voyant sa silhouette noire se découper entre ciel et mer je me suis cru dans la baie de San Francisco : Alcatraz le terrible pénitencier.

 

 hashima (1)      hashima (3)  

Pendant la deuxième guerre mondiale 800 travailleurs forcés coréens souffriront ici de tortures, et ce n’était pas du cinéma comme pour 007. C’est encore un sujet de tension entre Corée et Japon. Dans les années 50 la production est à son maximum pour la reconstruction, la population sur ce cailloux aussi, 84 000 H/Km2 un record.

1974 le pétrole remplace la houille, la production s’arrête. L’île est abandonnée. Ces histoires courtes à l’échelle de quelques générations me parlent. Je revois l’usine Renault abandonné sur l’île Seguin. Toutes ces constructions humaines si vivantes et qui une fois abandonnées aux fantômes des souvenirs mettront des années à périr et hanteront ceux qui y vécurent. Tout dépendra des outils de destruction qu’utilisera la nature. Ce ne sont les quelques mauvaises herbes qui viendront à bout de ces tonnes de béton.

hashima (12)

J’ai interrogé des techniciens qui prenaient des mesures et des notes en habit de chantier. Mais que préparent-ils ? L’installation du Wifi !

Miyajima et Hachima deux histoires bien différentes

Vous ne trouverez ni Pokemon, ni 007 dans l'album.

Japon, Hashima Miyajima - Album photos - Le blog d'images54620

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 J'ai passé deux jours à monter et descendre les escaliers à Nagasaki. 

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Dans le genre URBEX : mon village de Lorraine a aussi son usines abandonnée. 

 

Pierrepont, ce n'est pas mon usine. - Le blog d'images54620

Les friches industrielles ne manquent pas en France, elles n'attirent pas les visiteurs. Les bons touristes, qui dépensent des centaines d'euros par jour préfèrent Chambord, le Mont Saint Michel ou les boutiques parisiennes. C'est vrai qu'un haut fourneau pourri à Hayange c'est moins vendeur. Si le politique peut les effacer du paysage il le fera rapidement.

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