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Le Blog d'images54620
29 avril 2015

Un dimanche à Mexico

 « Chers passagers dans quelques minutes notre vol se posera à sa destination finale Mexico DF, Il est 23H00 et  la température extérieur est de 70 degrés fahrenheit, 21 degrés Celsius », ce vol CM427  me ramène à mon point de départ. 21 degrés, cela me va bien, premier palier vers Paris et ses 15 degrés. Passage de la frontière rapide et facile car peu d’avions à cette heure au terminal 2, mon bagage arrive dans les premiers, pour une fois. Un autocollant rajouté par le service de sécurité de Panama m’avertit qu’ils ont détruit le cadenas. Ce n’est pas grave, je m’équiperais d’un cadenas agréé par la Transportation Security Administration. 1h00 du matin, le taxi me dépose au pied de l’hôtel, la rue Simon Bolivar est peu animée. Le réceptionniste me salue et me tend la clé 401 accompagnée du certificat de paiement de la première nuit, si le client ne s’est pas présenté à 18H00 Mister Booking se payent avec visa, c’est normal. Je vais essayer de dormir un peu.

8H00, le soleil s’est levé, il m’a réveillé, je le suis et descends dans la rue, le café Blanca vient juste d’ouvrir, peu de clients à l’aurore, le centre historique fait la grâce matinée.  C’est Dimanche à Mexico, je ne vais pas aller à la messe et éviter les églises pendant le culte, pas par anticléricalisme mais par respect envers ceux qui veulent y croire, même attitude dans les pays aux autres religions. Pourquoi pas une visite de musée ? Retour à l’hôtel, j’embarque mon attirail photo. Il me faut trouver un musée sympa pas barbant et proche, celui de la téquila et du mezcal réunit ces critères.  Je n’ai pas encore franchi l’avenue Juarez que mon plan est escamoté par le passage de la randonnée cycliste des chilangos, les parigots locaux. Les mêmes, des excentriques, des rigolos, des sérieux, ils prennent toute la largeur de l’avenue. Ils sont des centaines à pédaler ensemble juste pour le plaisir. Il me reste le parc central à traverser et j’arriverai au musée, il est long, il fait chaud, l’attirail photo est lourd : pause à l’ombre. Et hop, je me retrouve nez à nez avec des nez rouges, une bande de clowns, tous ces personnages coloriés vont jouer sur la grisaille du macadam. Ils quêtent pour les enfants atteints du cancer.

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Comment ne pas trouver ce pays étonnant, les clowns sur le bitume et les têtes de morts sur les murs, il ne faut essayer de comprendre ce mélange des genres, le Mexique a absorbé des traditions invraisemblables pour des cartésiens. Pendant des heures ces clowns transpireront dans leur couleurs, les gens sont généreux ils donneront des pesos. Du coup j’abandonne le projet musée car en suivant les clowns je suis parti  dans la mauvaise direction. Déjà 13 h, pause repas. Pas envie de perdre du temps dans un restaurant alors je choisis un stand de cuisine dans la rue, celui avec des tabourets bleus et des  tortillas vertes. J’engloutis deux galettes au nopal, ce cactus sans aucune saveur agit sur le cholestérol, ne pas confondre avec un autre cactus : l’étrange peyotl, très hallucinogène. Les gens d’ici observent curieusement ce gringo qui mange leur nopal, discrètement un père fait signe a son gamin, tu vois le gringo en mange. Je prends une rue au hasard qui me conduit à l’église de Jésus le nazaréen. Drôle d’hasard, est-ce un signe ?

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Cette église je l’avais trouvé portes verrouillées en février pour cause de restauration, cela m’avait bien agacé car je voulais revoir les restes du conquérant Hernan Cortés emmurés ici. Après bien des tracas ses os sont arrivés tardivement à Mexico. Ce grand conquistador a bien mal fini, peut-être qu’il le méritait. Cas de conscience, dois-je absolument respecter ma décision de ne pas déranger le culte ? Vérification, ce n’est pas une messe mais des paroissiens qui préparent l’office du soir, du coup  j’ai ma  dérogation, je peux saluer dans sa petite boite celui qui fit  bâtir le grand Mexico. Le soir ne s’est fait attendre, il est déjà là. Le chemin de retour passe par la rue Madeiro très fréquentée. Beaucoup de monde, beaucoup de policiers, des saltimbanques font leurs numéros au milieu des tireurs de bonne aventure et des rengaines des orgues de barbarie.  L’attraction familiale la plus prisée est de se faire photographier avec un personnage de films. Il faut voir la tête de ses enfants devant leurs héros, en vrai, dans la rue Madeiro, moi je n’ai pas eu ceci petit, c’est peut-être aussi pour ceci que je suis ici avec eux. Beaucoup de capitales latines sont bâties sur le même plan, la place centrale rassemble les pouvoirs, le sabre et le goupillon, la cathédrale et le palais du gouverneur imposaient l’ordre et le respect, cela ne se discutaient pas. Maintenant, de Buenos Aires à Mexico ils ne se passent pas une semaine sans que des manifestants ne viennent narguer sabre goupillon. Les mères de la place de mai en Argentine en sont un bel exemple. Ce dimanche deux groupes occupent le zocalo, ils exigent vérité et  justice pour les 43 étudiants disparus en septembre 2014. Quelle affaire, pauvres familles, je crois qu’ils ne lâcheront pas. La dernière expertise d’indépendants argentins ne livre pas la même conclusion que les autorités mexicaines. Pourquoi des argentins ? Les disparitions ils connaissent, l’histoire leur a appris. Deux autres personnages bien en vue à l’extrémité de la rue Madeiro, en fausses tenues de religieux hurlent à tue-tête leur haine des curés pédophile ! Une femme ne cesse de brandir dans une main son livre et hisse un doigt d’honneur bien irrévérencieux vers la cathédrale. Son compagnon n’a pas besoin de ce geste provocateur dans son discours, la croix dessinée sur sa mire d’évêque aurait suffit à l’envoyer au bucher au temps de l’inquisition. Juste à coté, un homme et une femme leur donnent la répartie en lisant des passages de la bible. Les contraires font bon ménage ici à Mexico.             

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