Guatemala, la mauvaise réputation
Un voyageur qui arrive directement d’Europe à Guatemala, de jour, risque fort en débarquant dans les rues de se demander ce qu’il venu faire ici. Tous les guides de voyages le disent, la ville a mauvaise réputation. Les vigiles doigt sur la gâchette de leur fusil à pompe montent la garde devant chaque boutique au chiffre d’affaire supérieur à 100 dollars journalier. Des patrouilles antinarco sillonnent les quartiers, les trottoirs encombrés de marchands ambulants , et si on y ajoute le bruit , la chaleur et les odeurs certain que ce voyageur positionnera son curseur de sentiment d’insécurité au 8 sur une échelle de 10, 10 étant les rues de Chicago pendant la prohibition. S’il arrive de nuit, les rues seront tellement vides que cela lui semblera tout aussi inquiétant.
Alors pourquoi venir ici dans ce cas ?
Et bien c’est la route tout simplement. Les touristes attirés par la civilisation maya choisissent ce pays, ils combinent souvent un voyage avec ces voisins, Belize pour les plongeurs, Mexique pour les amateurs de sites archéologique. Cette capitale offre très peu d’intérêt il ne faut pas se raconter d’histoire, ce n’est pas vrai pour le reste du pays. Des paysages photogéniques coincés entre les caraïbes et le pacifique, des pyramides précolombiennes dans la jungle, des volcans, des lacs, une population typique feront beaucoup de choses à mettre sur facebook. Moi, la ville était sur ma route du Nicaragua. Mexico – Guatemala 1300 km, deux jours de bus pour accomplir la ligne tracée sur la carte. J’y suis arrivé en pleine journée accoutumé à la région j’ai placé le curseur de sentiment d’insécurité sur 6. Que faire dans cette ville ? J’évite le musée national, le patriotisme à outrance m’exaspère. Ces pays ont du s’arracher durement du colonialisme, c’est peut-être à cause de cela qu’ils hissent sur la place principale des drapeaux immenses flottant comme un bouclier protecteur au-dessus des héros de l’indépendance. Deux musées m’ont occupé chacun pendant une demi-journée de visite. Celui du chemin de fer et de la poste. Les trains me font voyager dans le temps et l’espace. Et il y a toujours des objets insolites, ici ce sont les coffres-forts plus nombreux que les locomotives.
Au voleur, non le musée du chemin de fer a récupéré tous les coffres des anciennes gares.
Le bâtiment de la poste qui abrite le musée est le seul de la zone à sortir du lot. J’ai pris le temps de revoir Antigua la première capitale du pays détruite par un tremblement de terre en 1773. La cathédrale se répand en gros blocs éparpillés par terre. Ils n’ont pas reconstruit ici. Le reste du temps, je l’ai passé à marcher dans les rues en tentant de me mélanger aux locaux. Au bout de quelques heures j’ai ressenti autrement cette ville à la mauvaise réputation. Des personnes me prévenait, « vous n’êtes pas d’ici, faites attention si vous allez-bas, est-ce que je peux vous renseigner » ben oui, cela se remarque que je ne suis pas d’ici, difficile de changer de peau.
Est-ce à la mauvaise réputation de leur ville que tous ces braves gens essaient de compenser en offrant que ce qu’ils ont : l’amabilité. Dangereuse Guatemala, sans aucun doute, une nuit des coups de feux dans la rue m’ont réveillé, je ne confonds pas la détonation d’un fusil avec celles des pétards de fêtes. Alors oui il faut faire gaffe, le ministère des affaires étrangères a classé tous le pays en vigilance renforcé. Je ne veux pas en remettre une couche, j’ai entendu des histoires d’agressions, de vols, de maison d’expatriés dévalisés, pas à moi de répandre la rumeur.
Il ne n’est rien arrivé de désagréable, je ne suis resté que 4 jours dans la capitale. Plutôt, je vais vous parler de ce gamin que je voyais les matins avec ces chèvres. Il vend le lait directement de l’animal aux consommateurs, au début les bêtes avaient peur de la ville, puis elles se sont habituées, comme moi.
- Et du fromage de chèvre tu en fais ?
- Non, ici les gens ne connaissent pas, moi j’en mange c’est riche en vitamines et pauvre en graisse.
- Bonne chance petit, mais dis-moi ce lait, c’est légal ici ? en lui montrant une patrouille qui négocie durement un virage au milieu de la circulation.
Il n’y a pas que des narcotrafiquant ici, la plupart des gens veulent vivre tranquille.
Et cette petite fille avec son beau chaton offert par ses parents si mon voyageur avait pris le temps de la voir, aurait-il descendu le curseur d’insécurité d’un cran ?
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